Nymo Pour la discussion, je pense aussi que des petits malins ont surexploité un événement relativement commun (le manque de pain dans le peuple) pour tenter un changement de régime.
Qui en est le commanditaire?
Des révolutionnaires? des opportunistes? des bourgeois en mal de privilèges aristocrates?
Ou des aristocrates frustrés, s'estimant lésés par Versailles?
Le peuple, à lui seul (tiers Etat) pouvait il mener cette révolution?
La révolution de 1789 pourrait être comparée aux jacqueries du 14ème siècle?
La grande jacquerie, reste bien un mouvement paysan, populaire, sans aucune intervention d'aucun puissant ou noble (à part en contre jacquerie)
Ce qu'il y a de trop dans le message, ce sont les "petits malins", les "commanditaires.
Je tiens qu'il faut éviter les théories du complot et ne les réserver que pour les cas où l'on n'a vraiment rien trouvé d'autre. C'est à peu près comme le miracle, en théologie. Quand vous êtes vraiment acculé et n'avez plus d'argument, vous invoquez un miracle et le tour est joué.
Ici, le "miracle" est le suivant : tout ce qui se passe est banal, des pécors viennent râler parce qu'ils n'ont plus de nourriture ce qui, comme j'ai dit, est un problème systémique, c'est comme ça tous les ans. Ils parviennent à s'emparer de la Bastille, ce qui est insignifiant : il n'y avait pratiquement plus de prisonniers à la Bastille et il devait y avoir, pour la défendre une dizaine de gardiens (je ne sais plus le nombre exact). Bon, c'est un émeute qui finit mal, avec des victimes chez les forces de l'ordre, c'est banal, des émeutes, on connaît.
Mais d'habitude, ces petits désagréments avaient une solution très simple : les autorités locales envoient la troupe, des dragons qui vous nettoient la zone dangereuse en tuant tout le monde. Seuls surviven ceux qui ont fuit à temps : à l'époque, la fuite n'est pas un délit, mais une vertu !
L'extraordinaire dans cette affaire, c'est qu'on s'en prend à un bâtiment royal, et symbole de l'Autorité de la justice royale... et qu'il n' y a pas de réaction de l'autre côté. Ce qui est étonnant, ce n'est pas la famine, ni le mécontentement, ni les émeutes, etc., c'est l'absence de réaction de la part du pouvoir. C'est que Louis XVI, comme il le pouvait parfaitement, ne leur a pas envoyé la troupe pour leur péter la gueule.
Une partie des historiens (si je peux leur accorder ce titre) font dans la psychologie, avec l'idée que le manque de réaction, c'est parce que Louis XVI était trop sympa (=une couille molle, dans leur esprit).
C'est pas sérieux.
Interprétation marxiste (qui n'est absolument pas la seule autre, il y en a 12 autres aussi légitimes, si on lit les historiens) : si le régime de réagit pas, c'est parce qu'il est déjà mort. Il est mort parce que ce pouvoir politique ne peut subsister du fait des changements des conditions économiques. En très abrégé : quand on veut faire du capital, la Monarchie absolue, ça nous gave. (Par exemple avec toutes ses règles à la con, une vraie plaie pour le busyness).
Le régime était effondré idéologiquement. Il n'avait plus les moyens intellectuels de résister, d'opposer un contenu consistant. Louis XVI lui-même (qui était loin d'être un imbécile, et encore plus loin d'être un lâche, comme il l'a prouvé vers sa fin) avait été contaminé par "Les Lumières", et intellectuellement vaincu par cette idéologie. Il ne pouvait plus avoir de conviction, ou au moins pas assez pour le déterminer réellement.
Bref, le système était moisi et en mettant le doigt où il fallait, il s'est effondré comme une loque.
Sur un tout autre sujet, Eichmann, Arendt avait parlé de banalité du mal. Concept qui a été beaucoup critiqué, mais j'en ose un tout aussi audacieux : la banalité de la révolution.