18 juin 1940 : "l'appel du 18 juin"
"Avant l’Appel du 18 juin, De Gaulle qui a connu ces derniers jours une ascension météorique, général de brigade (à titre provisoire) et sous-secrétaire d’État à la défense, a réfléchi à au moins deux scénarios. Le premier, stratégique, s’appelle le "réduit breton" ou comment l’armée française doit transformer en place-forte inexpugnable la Bretagne, comme base de reconquête militaire du territoire.
Le deuxième scénario est politiquement ambitieux mais chimérique : sur l’impulsion de Jean Monnet et de Keynes, on songe, et le général de Gaulle en défend le principe, à une fusion France-Angleterre. Les deux pays et leur empire respectif fusionnant peuvent mettre à bas l’ennemi hitlérien. Mais les transformations macro-politiques (commandement, monnaie) sont telles d’une part, les Anglais peu enclins à envoyer des troupes dans une France dévastée d’autre part, que le rêve s’évanouit dans les tractations.
Résistance toute : le Général joue son coup de poker le 16 juin, décidant de rejoindre Londres. En France on se bat jusqu'au 21 juin... Malgré la déclaration malheureuse et ambiguë du 17 juin que prononce le Maréchal Pétain dans son discours radiophonique, envisageant l’armistice et commettant une grande erreur de communication politique avec la fameuse phrase "c’est le cœur serré que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat..." , sans plus de précision.
Il faut savoir que quasiment personne n'a entendu l'appel du 18 juin lors de sa diffusion, tout simplement parce qu'il fut lancé par l'intermédiaire de la BBC, une radio anglaise encore très peu écoutée. Environ 10 000 personnes auraient entendu l'appel du 18 juin, mais ce chiffre est très approximatif et sans grande fiabilité. Par ailleurs, il était considéré comme si peu important à l'époque qu'aucun enregistrement n'existe. En revanche, celui du 22 juin, soit 4 jours après, nous est parvenu. En Angleterre, le nombre de soldats français est estimé a environ 340 000, qui étaient présents (avaient fuit la débâcle) avant la venue de de Gaulle. Il s'en servira pour créer son armée, mais la plupart ne le suivront pas. Et Beaucoup de ces soldats suivaient de Gaulle non pas par admiration, mais tout simplement par qu'ils refusaient l'armistice et souhaitaient avant tout libérer la France de l'occupation allemande. En décembre 1942, de Gaulle aura à sa disposition seulement 73 300 hommes volontaires au sein des Forces Françaises Libres. Du côté des pétainistes, le nombre de membres affiliés aux Chantiers de la jeunesse était d'environ 1 200 000 en 1941. Parmi toutes ces personnes, plus de 600 000 participeront à la libération de la France, dont Delattre de Tassigny, soit bien plus de soldats que ceux aux ordres de De Gaulle. En parlant de Delattre de Tassigny, nous ne pouvons pas faire l'impasse sur la composition de la 1ère armée française qu'il dirigea. En effet, sur les sept divisions que comprendra cette armée, une seule sera commandée par un gaulliste, le général Brosset. Sur les six autres, quatre sont des pétainistes qui ont fait parti de l'Armée de l'armistice, c'est-à-dire Magnan, Monsabert, Touzet du Vigier et Vernejoul. Et encore, je ne prends pas en compte le nombre de soldats intégrés à l'Armée d'Afrique du Nord, les Français les plus admirables selon les Américains. Les pétainistes ont donc contribué davantage que les gaullistes à la remise en place d'une armée française puis à la libération de la France, et les chiffres sont là pour le constater. Néanmoins, l'appel du général de Gaulle a une importance symbolique pour la France, énonçant que la guerre n'était pas terminée et permettant aux Français de garder un espoir pour la suite des évènements. Malgré tout, l'importance historique est moindre, tout simplement parce que l'appel passa presque inaperçu à l'époque.
Le début d'une guerre franco-française
En septembre 1940, c’est-à-dire trois mois après l'Appel du 18 juin, deux mois après la bataille de Mers el-Kébir, et un mois après le ralliement de l'Afrique Equatoriale Française (AEF), l’autoproclamé chef de la résistance Charles de Gaulle et le Premier ministre britannique Winston Churchill pensaient pouvoir prendre le contrôle politique et militaire de l'Afrique Occidentale Française (AOF) qui obéissait au Gouvernement de Vichy. Cela a engendré la Bataille de Dakar, premier acte de la guerre franco-française, et opération qui aura de lourdes conséquences sur la suite du conflit mondial."