24 août 1572 : massacre de la Saint-Barthélemy.
Ce serait donc une erreur de croire que le massacre de la Saint-Barthélemy s'étendit à la France entière ; en réalité, il consista en une succession de massacres qui commencèrent à Paris de deux heures du matin à midi, le 24 août, et qui, du 25 août au 3 octobre, éclatèrent sur plusieurs points du territoire.
Il ne faudrait pas non plus accepter sans contrôle les évaluations qui ont été faites sur la quantité des victimes ; car, ainsi que l'a fait remarquer l'historien allemand Funk, elles varient du simple au décuple.
A Paris, le nombre des protestants ainsi mis à mort aurait été inférieur à 1.000 selon l'historien protestant La Popelinière, supérieur à 1.000 d'après de Thou 583, inférieur à 2.000 selon les Mémoires de Tavannes et l'Histoire de Charles IX de Papyrius Masson 585, inférieur à 3.000 d'après Capilupi, inférieur à 4.000 d'après Brantome, enfin d'environ 10.000 selon le Réveille-Matin. Pour Lyon, mêmes variations : 300 d'après de Thou, 350 d'après Golnitz: de 1.500 à 1.800 d'après Serres.
Naturellement les évacuations globales sont aussi incertaines que les évaluations de détail desquelles elles dépendent. Les victimes de la Saint-Barthélemy pour la France entière ont été au nombre de 10.000 d'après Papyrius Masson, de 20.000 d'après l'historien protestant La Popelinière, de 25.000 d'après Capilupi, de 30.000 d'après de Thou, de 70.000 d'après Sully, de 100.000 enfin d'après Péréfixe et le Réveille-Matin. Au milieu de ces contradictions, M. Funk remarque qu'à Paris on n'a pu compter exactement que 468 victimes, dont 152 seulement avec leur nom. Cavirac, dans sa Dissertation sur la Saint-Barthélemy, remarque que le Martyrologe protestant de cette journée, s'il donne un total global de 30.000 victimes, n'en retrouve que 15.138 et 786 seulement avec leurs noms. Il est donc probable que le chiffre de Papyrius Masson (10.000) est supérieur plutôt qu'inférieur à la réalité et qu'il faut placer entre 4.000 et 5.000 le total des malheureux qui, du 24 août à octobre 1572, ont été tués tant à Paris que dans le reste de la France. Les affirmations qui multiplient par 2, 3, 4, 5, 10 et même 20 ce total, sont absolument fantaisistes et ne s'appuient sur aucun indice, aucune statistique, aucune preuve.
Même réduit à des proportions moins exagérées et plus vraisemblables, ce total de 4.000 à 5.000 victimes fait encore frémir et l'on ne saurait rappeler sans indignation de pareilles hécatombes. Loin de nous la pensée de les justifier ! seul un jacobin a pu se réjouir devant les flots de sang de ses adversaires en lançant cette phrase impie qui devait se retourner contre lui-même : « Ce sang était-il donc si pur ? »
Sans aller jusqu'à justifier la Saint-Barthélemy, certains écrivains l'ont expliquée en rappelant qu'elle a été précédée de plusieurs massacres de catholiques par les protestants.
Jean Guiraud
Histoire partiale- histoire vraie (Ed Beau-Chesne-Croit, tome 2, pages 233 et 234)
Catherine de Médicis représentée en train de dévisager les cadavres, détail du tableau Le Massacre de la Saint-Barthélemy par François Dubois, Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne.
Un peu exagéré, non ?