Alan Greenspan Lancien président de la Réserve fédérale
, très inquiet, recommande dacheter de lor et prédit leffondrement de leuro « à défaut dintégration politique complète »
Aujourd’hui âgé de 88 ans, Alan Greenspan a été président de la Banque centrale américaine (« Federal Reserve Board » ou « Fed ») pendant près de 19 ans, d’août 1987 à janvier 2006. Il a été nommé à ce poste par le président Ronald Reagan, puis renommé par les présidents George H. W. Bush, Bill Clinton et George W. Bush.
Spécialiste de la politique monétaire intérieure des États-Unis, sa gestion du krach d’octobre 1987 et de l’inflation fut très largement approuvée par la communauté financière internationale, au point que les médias le couvrirent d’éloges dithyrambiques, en le surnommant le « Maestro » ou « Magic Greenspan ». Il facilita largement l’engouement des années 1990 pour la technologie, et favorisa par la même occasion l’apparition de la bulle Internet.
Cependant, la fin de son quintuple mandat ne fait pas l’objet du même jugement. Lors de la « crise des subprimes », il a laissé très fortement augmenter la masse monétaire, par une politique de taux d’intérêts très bas suivie d’un redressement important des taux directeurs. Il a aussi ignoré très longtemps les mises en garde concernant le marché des subprimes émanant du conseil de la Réserve fédérale.
Cette politique de création monétaire à tout va a été telle que la Réserve Fédérale Américaine ne publie plus l’agrégat monétaire M3 depuis février 2006, – juste après son départ -, ce qui signifie très exactement que l’on ne sait plus combien il existe de dollars créés dans le monde.
Avec le recul du temps, « Magic Greenspan » apparaît de plus en plus comme l’homme qui aura accéléré la faillite de l’empire américain. Ce dont il tente de se défendre maintenant en rappelant qu’il avait émis, dès 2005, des inquiétudes.
En 2008, il concéda publiquement que « la crise a pris une dimension beaucoup plus grande que ce que j’avais imaginé » et souligna que, dans la tempête actuelle, « les banques centrales et les gouvernements se retrouvent contraints d’adopter des mesures sans précédent ».
Alan Greenspan vient de faire sa réapparition il y a quelques jours, mais son intervention a fait froid dans le dos des auditeurs.
Lors d’un discours prononcé le 29 octobre à New York, il a critiqué les programmes d’achats d’actifs de la Fed (les fameux « QE » pour « Quantitative Easing ») en soulignant en gros que cela ne faisait que gonfler artificiellement le prix des actifs – et notamment des actions et de l’immobilier– sans avoir le moindre effet sur l’économie réelle. Il a ainsi déclaré : « L’effet positif n’a ainsi été majeur que sur les multiples de capitalisation en Bourse et sur les prix immobiliers, via l’abaissement des taux d’intérêts à long terme. »
Ce que n’a pas dit Alan Greenspan, c’est que cette création monétaire quasiment sans limite ne peut être qu’une économie de casino. Car aucune mesure monétaire ne peut remédier durablement à l’appauvrissement tendanciel d’un pays qui perd à toute allure les facteurs clés de production de richesse collective que sont ses entreprises industrielles, parties sous d’autres cieux pour cause de délocalisations. Et c’est bien de cela qu’il s’agit.
Le 29 octobre 2014, « Magic Greenspan » a donc montré qu’il n’a plus rien de « magique ». C’est un homme vieilli qui commence à voir lucidement le monstre qu’il a contribué à enfanter. Il s’est d’ailleurs déclaré si inquiet pour l’avenir qu’il a conseillé aux investisseurs d’acheter en priorité de l’or comme valeur refuge…
Et
il s’est en outre montré très pessimiste sur la survie de l’euro.
Découvrant à son tour ce que les meilleurs experts disent depuis 20 ans, il a déclaré que la seule façon pour que la monnaie européenne survive serait de réaliser une « intégration politique complète des pays membres de la zone euro ». À défaut de cette intégration, les déséquilibres augmenteront et conduiront en fin de compte à un effondrement de l’euro », a-t-il conclu.
Certes. Mais les 57 ans écoulés depuis le traité de Rome ont montré que l’intégration politique, déjà impossible à 6 États, est une farce à 28 États.
http://www.upr.fr/actualite/monde/lanci ... e-complete