J'irai me coucher sur un : ils refusent de rendre à César ce qui est à César en croyant 1/ que leur élection/la grâce reçue les affranchi de cette double vassalité temporelle-spirituelle (qui est pourtant objective) et les place au service et en relation avec Dieu seul, et 2/ que cette élection/grâce reçue oppose Dieu et César et coupe de toute vertu ceux qui ne l'ont pas (César devient donc le mal, babylone, normal que ça partouze). Avec le temps, cette conception crée tout un contexte culturel narratif qui associe la vie ici et maintenant, de ceux qui vivent sous le règne de César et ne partagent pas la vraie foi, à la débauche et au péché débridé. Il ne manquait plus qu'un phénomène de civilisation hédoniste/jouisseur de sécularisation après la seconde guerre mondiale pour que ça parte dans tous les sens et surtout pour que ce vice paraisse normal, naturel, et soit légalisé, banalisé, etc. chez tous ceux qui n'ont pas vécu d'expérience de conversion hollywoodienne.
Putain je viens de me rendre clair à moi-même le basculement du monde protestant d'un puritanisme guindé au n'importe quoi actuel, je ne me serai pas levé pour rien aujourd'hui.
Refus de rendre à César qui est la matrice de tous les dualismes niant ou dénigrant l'histoire, le corps, la société en tant que structure organique, etc. et conduisant à des comportements hors-normes, en bien ou en mal, sur fond névrotique et schizophrène égocentré indéniable (ce ne sont pas les exemples qui manquent ni en deux mille ans d'histoire, ni aujourd'hui n'importe où en Occident.).
Toute l'histoire du christianisme réel, historique, organique (catholicisme/orthodoxie) a été de s'élever contre ces conneries, de poser des gardes-fous, de résister comme saint Paul à la tentation de rejoindre le Seigneur tout de suite, et de faire le job ici-bas, de contraindre à reconnaître la valeur de la vie terrestre (et ça passe par tout ce qui hérisse le poil des crypto-protestants : prince sacré, chevalerie christianisée, croisades, sanctification du mariage et donc de la différence sexuelle et de la copulation ordonnée à sa fin, ordalie sous toutes ses formes, opulence des églises et art sacré...) Bref : ta gueule et rends à César, tu n'es pas un pur esprit au seul service du Seigneur. Tu peux vouloir rester étranger au monde et c'est une aspiration légitime relevant de ta nature spirituelle mais tu en feras partie jusqu'à ta mort. À toi de composer et de te tenir à carreau, il y a un jury à la fin. Pour les pressés, c'est le monastère ou l'ermitage, pas mieux.
Pas de conversion définitive à la Donald là-dedans mais une vie, si on la choisit ainsi, d'épreuve et d'aventure tendue vers un but surnaturel, avec la présence permanente de Dieu dans sa création, entremêlement subtil et perpétuel des deux vassalités et des deux natures humaines. Vie qui est impossible dans le paradigme protestant (pour faire vite) exposé plus haut, donc il ne reste qu'à se rouler dans la merde à défaut d'avoir la grâce nécessaire pour vivre de manière angélique.
Il faut être con comme un catho du XXIe siècle pour croire que ce fameux verset parle de laïcité.
C'est clair dans ma tête mais ça rend peut-être moins bien dans le texte...