Jean, le voisin de Paul, s'aperçoit que les patates sont plus rentables que les pommes. Qu'advient ils de Paul et de ses employés lorsque le cours de la pomme s’effondre, car plus personne n'en veut et que Paul, en ayant tout misé sur celles-ci, se retrouve avec des stocks ne valant même plus un radis et servant à produire des chaussettes dorénavant beaucoup trop chères?
Si les pommes deviennent invendables il est bien évident que l'entreprise de Paul fermerait. Mais cela n'a rien à voir avec la théorie de l'exploitation. D'ailleurs ceci me fait rajouter un élément pour justfier le fait qu'un entrepreneur ne vole pas ses salariés: la récompense du risque pri quotidiennement (c'est d'ailleurs le même argument qui rend l'obligation du crédit gratuit comme le prônait Proudhon dangereux).
Il le justifie, car l'exploitation qui découle de ce cheminement capital/concept/travail/richesse suppose en faite la théorie de l'aliénation de Marx:
Le travailleur devient d’autant plus pauvre qu’il produit plus de richesses, que sa production croît en puissance et en volume. La dépréciation du monde des hommes augmente, en proportion directe, de l’augmentation de valeur du monde des choses... L’objet que le travail produit, l’affronte comme un être étranger, comme une puissance indépendante du producteur...
Ton exemple se situe du côté des positions idéalistes, que Marx dénonçait, non parce qu’il était contre les gens qui ont des idées, mais parce que ces positions affirment que les idées existent indépendamment des conditions dans lesquelles les gens vivent.
Or, les idées, par elles-mêmes, ne peuvent pas changer la société, pour la comprendre, on doit voir les êtres humains comme faisant partie du monde matériel. Autrement dit, les idées des gens sont intimement liées aux conditions dans laquelle ils vivent, ou encore, l’homme n’est pas face au monde mais inséré dans le monde.
En nivelant, au strict minimum, le côté condition de travail et renouvellement des forces des travailleurs, pour ce concentrer sur l'unique plus-value de Paul, dans l'unique but de croire en de meilleur lendemain, ton exemple montre bien le côté flibustier de l'idéologie néolibérale.
Car à bien y regarder, Paul au départ ne prend pas de risque, il investit juste une trouvaille. Il n'y a pas de mise en danger, juste un pari. Si elle n'aboutit pas, il s'en remettra très bien. Mais, bon, jouons le jeu comme même.
En admettant, que ça lui appartient, à lui et à lui seul, qu'il a eut l'intelligence de la faire fructifier, je veux bien lui concéder un profit plus important que le travailleur, qui ne met qu'en application son expertise individuelle par son travail. Expertise et travail étant récompensés par des augmentations de salaire. L'entreprise de Paul grossie, il doit donc embaucher plus de travailleurs pour produire plus et amasser plus de capital, afin de répondre aux fluctuations du marché et aux pressions induites par la concurrence. Dés lors, qu'est ce qui justifie le fait de rétribuer l'ensemble des travailleurs individuellement, alors qu'un travail d'équipe est toujours plus productif que celui d'un unique homme? 200 hommes travaillant de concert feront toujours plus en 1 heure, que ce qu'un homme seul pourrait faire en 200 heures. Ne vois tu toujours pas pourquoi on peut parler d'exploitation? Surtout à l'heure de la précarisation des emplois et/ou des personnes allant travailler pour juste continuer de travailler?
Le temps socialement nécessaire à la réalisation de son travail, en regard de la productivité est pourtant l'articulation du Taylorisme...
Vous me présentez la une nouvelle formule du calcul de la valeur travail. Ce n'est pas la même que l'école classique anglaise et de celle de Marx.
Ce n'est pas comme cela que je vois la formation de la valeur d'un bien. Ou plus précisement vous avez en parti raison et en partie tort. Vous l'avez d'ailleurs admis dans votre réponse précédente.Je vais par conséquent reprendre votre exemple. Imaginons qu'une patate et qu'une pomme se mettent sur le marché après 3 heures. A ce moment la vous devriez y avoir un même prix. Or ce n'est pas le cas tout simplement parce que la loi de l'offre et de la demande, qui détermine si un bien et socialement utile (sur ce point vous avez raison), fait varier le prix de la pomme à la baisse et le prix de la patate à la hausse. Par conséquent oubliez la quantitié de travail.
Je veux bien jouer le jeu, mais n'oublions pas qu'il s'agit d'une analogie. La productivité créée la richesse par l'entremise du capital. Si tu ne produis rien, tu ne capitalises rien et tu ne peux donc rien substituer comme indicateur de richesse à celui-ci. Que ça soit des pommes ou du blé ou des métaux précieux,etc. Du moins, c'est vrai que maintenant la spéculation est + soumise à ces indicateurs qu'au capital en lui même. C'est justement cette dérive que je dénonce, voir conchie dans mes meilleurs moments et par conséquent, non, je n'oublierai pas que la quantité de travail est la base de la richesse.