Si on observe un accroissement des actes antisémites aujourd'hui en France (constat très contestable), c'est parce que la nature de ces actes les rend particulièrement visibles et fait l'objet d'un important écho médiatique. D'autre part, l'importance de la communauté arabo-musulmane de France (surtout maghrébine) contribue à cristalliser l'antisémitisme dans notre pays : en effet, de nombreux français d'origine arabe se sentent ennemis des juifs par nature, comme s'il existait une profonde antinomie entre les deux cultures, et n'hésitent pas à véhiculer leur haine sur tous les supports à leur disposition. Si en plus on ajoute Dieudonné à l'équation, là c'est le jackpot, puisque les autorités publiques en font un martyr, et qu'il est devenu en quelques mois, l'égérie de l'antisémitisme moderne en France : c'est à dire un antisémitisme voilé, qui ne s'assume pas, et qui fait passer la haine des juifs pour un jeu anodin que les bien-pensants voudraient interdire. En résumé, si on perçoit aujourd'hui une montée de l'antisémitisme en France, c'est à cause des média, d'une frange communautariste des musulmans français et de la stupidité du ministre de l'intérieur.
Maintenant, je voudrais commenter ton propos sur la laïcité. Tu affirmes que la laïcité implique la neutralité à l'égard des religions. Et tu sembles en tirer la conclusion que les hommes politiques ne devraient pas prendre position contre les manifestations antisémites? Du moins c'est ce que j'ai compris dans ton message. C'est un peu gros d'utiliser l'argument de la laïcité pour réprouver l'action des autorités de l'état lorsqu'elles ne cherchent à maintenir l'ordre républicain. La neutralité que tu évoques signifie que l'état doit se montrer également bienveillant envers toute les religions et ne pas manifester une quelconque préférence pour un culte en particulier. Ceci étant dit, les citoyens Français ont parfaitement le droit d'exercer leur religion en France, et les juifs autant que les autres. L'antisémitisme est donc une dérogation au principe de laïcité et une atteinte au droit des citoyens puisqu'il s'agit de haine raciale et de discrimination. Dès lors, les hommes politiques ont le DEVOIR d'agir et de s'indigner car ils sont les garants de l'ordre républicain. Un élu qui publie une tribune contre l'antisémitisme reste neutre face à la religion judaïque : il ne donne pas un avantage quelconque aux juifs, il fait seulement respecter la loi de notre pays. En revanche, un ministre qui met une kippa pour faire plaisir au CRIF, ça c'est une atteinte au principe de laïcité et une marque de préférence d'autant qu'on sait que "La République ne reconnait aucun culte".