Ce document est bien trop sommaire pour qu'on puisse lui accorder du crédit. Car pour connaître la solidité réelle d'une banque (ou avoir une approche consolidée sur un groupe), il ne faut pas s'arrêter à quelques ratios simples comme le provisionnement du risque ou le PNB de l'exercice.
Il faut déjà connaître précisément la nature des encours, par type d'encours, par clients, par tranches d'activité, par région du monde. Il faut aussi évaluer l'évolution de la capacité bénéficiaire de ces encours sur leur durée de vie estimée, mesurer l'efficacité interne de la gestion financière (ALM) et de la gestion des prêts, apprécier la conformité des procédures internes en matière de gestion du risque. Le refinancement est aussi un élément-clé, son évolution pouvant tuer une banque en un rien de temps (le CIF a cessé son activité non pas par manque de rentabilité, mais par faute d'accès à la ressource).
Très souvent, la fragilité des établissements bancaires tient pour beaucoup à un encours "toxique" important concentré sur quelques dossiers "sensibles" et confidentiels, alors que le modèle économique sur le coeur de métier paraît sain. Il suffit que l'un ou l'autre de ces dossiers tombe pour que l'établissement se trouve avec une perte abyssale.
En bref, seul un audit approfondi et sincère permet de mesurer la résilience d'une banque, en prenant la dimension temporelle du moyen/long terme comme un élément majeur. Ce type d'audit n'est jamais publié évidemment, et c'est pourquoi les articles de presse sont à prendre avec la plus grande relativité.