Je ne savais pas que la famille Le Pen avait participé à la traite négrière. Par contre des Voltaire, glorifiés par la République, y ont plongé largement les bras.
J'ai moi-même mal abordé cette question il y a peu, en y mêlant des plaisanteries qui ont été jugées racistes, etc.
Mais sérieux et sans vanne, je crois pouvoir mieux expliciter ce point.
Il ne s'agit évidemment pas des rapports entre la famille Le Pen et la traite négrière. Il n'y en a aucun, en effet. Et ce n'est pas pour cela que les Noirs, les Antillais, plus singulièrement, n'ont pas envie de voir Marine Le Pen se pavaner à Fort de France.
Je vais m'en tenir à deux trois points pas exhaustifs, en commençant par les anecdotes et pour en venir au fond :
1) Jean-Marie Le Pen a tenu des propos de dépréciation concernant les Noirs. Qu'il les ait oubliés ou que Marine veuille les faire oublier n'aura absolument aucun effet sur la mémoire d'autres qu'eux, et qui les ont entendus et enregistrés.
Fabriquer de l'oubli, c'est peut-être le sport préféré au FN, mais il ne faut pas qu'il espère le faire partager au reste du genre humain.
2) Beaucoup de Noirs antillais ont vécu en France Métropolitaine et presque tous ont de la famille qui y vit ou y a vécu. Il se trouve par ailleurs que ces gens ont rarement eu la chance de croiser Marine Le Pen à Saint-Cloud ou à Neuilly, on ne les trouve pas là principalement. On les voit plutôt à Saint-Denis et à Clichy-sous-bois. Dans les Cités, autrement dit.
Quand Marine Le Pen ne trouve à dire sur ces situations que des imputations de racisme anti-blanc et quand elle tient le discours général contre les Cités et les Noirs qui s'y trouvent, elle ne se fait pas des amis chez eux, d'où qu'ils soient. Elle peut faire ce qu'elle veut dans l'enculage de mouches pour dire que ce n'est pas contre les Noirs Français (toutes les saloperies qu'elle débite), ça ne prend pas, dans ces secteurs-là : lesl Noirs Français qu'elle chérit sont autant contrôlés, emmerdés par les Flics que les islamistes dangereux. Ils vivent dans les mêmes conditions et ont les mêmes problèmes. Et cela, aucune considération branlatoire de Marine n'y changera rien.
3) Marine ne va pas aux Antilles (parce qu'on n'a pas envie de la voir dans son numéro de Tintine au pays des Nègres). Sa manière d'aborder la question de l'esclavage, c'est seulement l'idée qu'il y a des types qui s'accrochent à des choses du passé, etc. Certainement, vu de Saint-Cloud ou du boulevard Saint-Michel, cela doit paraître tel.
Mais moi-même, on ne m'a pas vu cracher à la gueule des Noirs et j'ai donc mes autorisations pour aller voir sur place comment cela se passe.
Prenez n'importe quelle entreprise antillaise. Vous arrivez, regardez qui sont les types en train de trimer sous le cagnard pour tirer des palettes, ou emballer des légumes, etc. Allez ensuite dans les bâtiments pour voir qui vous trouvez au service comptabilité, ressources humaines, à la direction, etc.
Vous allez percevoir des petits changements de couleur, croyez-moi.
Mon premier voyage remonte à 1974 et mon dernier à 2006. Et je peux vous garantir que cela n'a pas bougé d'un poil, sur ce chapitre.
On peut en penser ce qu'on veut,mais si l'on vient dire que l'esclavage, tout cela, ce ne sont que des trucs du passé, que cela ne correspond plus à rien, encore une fois, on peut le dire de Saint Cloud, mais ce n'est qu'un point de vue de Saint Cloud (qu'on ne me fasse pas dire ce que je n'ai pas dit , je suis convaincu que Marine doit se montrer très humaine avec sa servante nègre, quand elle apporte les toasts et tout ça. Elle doit lui dire : merci, Bouana, retourne à ta cuisine, maintenant. ), le point de vue d'une petite bourgeoise ignorante et superficielle, ce n'est pas une analyse politique ni le début d'une compréhension sociale, et que les Noirs ont de bonnes raisons de mépriser.
Ces Nègres n'oublieront pas leur sort parce que Marine à décidé, du Seizième, que l'Histoire était abolie : ils continueront à ne pas encadrer cette petite Blanche arrogante et méprisante, une petite bourgeoise en plus, qui vient leur donner des leçons sur ce qu'ils ont le droit de croire et ce qu'ils doivent oublier.
Quand elle parlera avec un peu plus de respect de Victor Schoelcher, du Révérend Martin Luther King, de Nelson Mandela, de Félix Eboué, d'Aymé Césaire, elle aura beaucoup plus de chances de marquer des points de ce côté-là . Mais tant qu'elle tiendra que tout cela n'est que du racisme anti-blanc, ça ne pourra pas le faire.