"Et un, et deux, et trois, zéro" ! Pardon pour cette image un peu usée, mais si le PS s'impose dans les trois capitales Paris, Lyon et Marseille en mars prochain, alors l'honneur sera sauf. Cela fait des mois que nous écrivons la chronique d'une défaite annoncée pour François Hollande : sondage après sondage, sa popularité s'effondre, le pays est en révolte antifiscale, le chômage reste massif, la reprise tarde à venir, le Front national menace de faire une razzia sur les prochaines élections, mais...La gauche, malgré ce désastre, serait en mesure non pas de "gagner" les municipales, mais de ne pas les perdre ! L'hypothèse est très sérieusement à l'étude dans l'entourage présidentiel.
Les experts électoraux du Parti socialiste ont fait travailler leurs logiciels : en 2001, le balancier était à droite, et en 2008, à gauche. Avec une majorité aujourd'hui en difficulté, si sur 120 villes de plus de dix mille habitants, 90 basculent à droite, et 30 basculent à gauche, mais avec Marseille dans l'escarcelle, alors l'UMP ne pourra pas parler de réelle victoire. Mieux encore : l'éventuel gain du fief marseillais serait vu comme une sorte de reconquête au pire moment du quinquennat.
Jean-François Copé a récemment déclaré à Saint-Etienne : "Ces élections municipales ont une portée nationale car elles sont le premier rendez-vous politique depuis deux ans pour dire non à François Hollande". Mais Christophe Borgel, le secrétaire national aux élections du PS, explique que le rejet de la politique ne fait pas pour autant monter le nombre d'électeurs désireux de voter pour des raisons nationales. Ils ne seraient que 25%, selon une enquête commandée par le Parti socialiste et encore, deux tiers d'entre eux souhaiteraient sanctionner le gouvernement, un tiers le soutenir. Pour le reste, 60% des Français iraient aux urnes pour des motivations uniquement locales.
Le sentiment antifiscal va peser ?
"Il aura déjà largement infusé au sein de la population, Copé va se tromper d'élection", veut se rassurer la direction du PS. Encore faudra-t-il pour la gauche qu'il n'y ait pas de nouvelle affaire Leonarda juste avant le scrutin. Mais le Front national devrait affaiblir essentiellement l'UMP dans de redoutables triangulaires. Le FN rendra incontestablement service à la gauche.
Le chef de l'Etat table sur des municipales favorables ?
François Hollande parie sur des jours meilleurs. Un scrutin relativement favorable à la majorité, une reprise de la croissance, même timide, une inversion à terme de la courbe du chômage, un remaniement interviendrait alors après des Européennes qui, elles, s'annoncent difficiles. Pour le gouvernement qui avait la métaphore footballistique hier, la reprise tant espérée prendra peut-être la route de Rio en juin. Si ce n'est pas le carnaval d'ici là.
http://www.franceinfo.fr/politique/l-in ... 2013-11-21