Le français a tranché, l'anglais a un peu mélangé
L'anglais moderne n'utilise qu'un seul pronom de deuxième personne, you, qui sert au singulier comme au pluriel. À la rigueur, c'est l'usage des prénoms qui joue aujourd'hui le rôle de cette distinction.
En moyen anglais (anglais parlé à la suite du débarquement de Guillaume le Conquérant au xie siècle jusqu'au xve siècle), il existait toutefois plusieurs formes différentes :
Nombre Cas sujet Cas régime Génitif6
Singulier thou thee thy / thine
Pluriel ye you your / yours
Le verbe recevait avec thou une désinence en -(e)st (Sauf avec le verbe to be, (être) dont la deuxième personne du singulier était thou art.) : thou lovest (tu aimes), thou loved(e)st (tu aimas). Thou et ye s'employaient sans opposition de registre de politesse. C'est par influence du français apporté par Guillaume le Conquérant après 1066, que la cour anglaise s'est graduellement mise à employer le pluriel pour s'adresser à un dignitaire, un roi, ou un seigneur. Ainsi, thou pouvait être senti familier, ye plus poli. L'usage n'a cependant jamais été autant fixé qu'en français et l'on rencontre de très nombreuses attestations semblant incohérentes dans le choix des pronoms quant au degré de politesse attendu. (Par exemple, chez William Shakespeare, thou est parfois utilisé de manière relativement osée.)
À la moitié du xviie siècle, la flexion des pronoms s'étant simplifiée, c'est la série you / your / yours qui a remplacé chacune des autres formes, faisant ainsi disparaître la série thou / thee / thy / thine / ye. (sauf dans quelques variantes dialectales et dans des communautés, comme chez les Quakers jusqu'à il y a peu). Cependant que la distinction entre le singulier et le pluriel de la deuxième personne devenait impossible dans la langue d'alors, les philologues traduisant des textes antiques, dont la Bible, l'ont fait perdurer dans la langue liturgique. L'édition King James du texte sacré (première édition : 1611), en est la preuve. Depuis cette époque, thou est senti comme plus solennel, plus respectueux que you mais reste d'emploi littéraire et très limité : on l'utilise dans des textes religieux pour s'adresser à Dieu, dans des comptines, dans des poèmes.