Selon Le Quotidien du Peuple, porte-voix du Parti communiste, les sociétés d'État chinoises (SOE) sont la colonne vertébrale de l'économie chinoise.
Ceux qui espèrent depuis longtemps des réformes structurelles de l'économie chinoise en sont pour leurs frais. Le Quotidien du Peuple, porte-voix du Parti communiste, vient de publier une étonnante ode aux entreprises d'État. Leur poids écrasant est en effet très critiqué, et le premier ministre sortant Wen Jiabao lui-même les avait prises pour cible.
Dans un article publié en une, le journal vante le «nouveau visage» des entreprises d'État. Elles restent, dit-il, la colonne vertébrale de l'économie chinoise et sont plus fortes qu'elles ne l'ont jamais été depuis deux décennies. Il note que 54 sociétés d'État chinoises (SOE) sont désormais présentes dans le classement des 500 premières entreprises mondiales.
Ça ne réfute pas mon propos. Le passage d'une économie planifiée marxiste à une économie "socialiste" de marché, c'est une libéralisation. Les entreprises d'état sont autonomes et en concurrence. Elles se comportent comme des entreprises privées. Néanmoins elles reçoivent régulièrement des subventions et des avantages de la part de l'état ce qui explique qu'elles soient aussi puissantes par rapport aux entreprises privés.
"L’Etat reste le garant de la santé de ses joyaux. Il n’autorise pas l’entrée de concurrents étrangers ou chinois à capitaux privés sur le marché de la téléphonie mobile, que se partagent trois groupes dont il est actionnaire majoritaire : China Mobile, China Unicom et China Telecom.
Il attribue, selon l’hebdomadaire Economic Observer, des parcelles de terrains au prix de 1,75 yuan (0,2 euro) par mètre carré au richissime Petrochina et lui assure l’accès aux ressources pétrolières chinoises à des prix inférieurs à ceux du marché.
Le gouvernement conserve une majorité du capital des trois géants de l’aviation civile, Air China, China Eastern et China Southern. En pleine crise, il s’est tenu à leur chevet pour éponger des pertes de 4,4 milliards de dollars et s’assurer que leur soient accordés les prêts nécessaires. Les petites compagnies privées ont, de leur côté, survécu en prenant soin de ne pas s’attaquer à la part du lion. Certaines ont mis la clé sous la porte, comme East Star Airlines, basée à Wuhan, mise en liquidation judiciaire en mars 2009.
Le rôle de l’Etat a pourtant évolué. "L’appareil de planification a été cassé, les entreprises sont devenues autonomes, elles ont été mises en concurrence, explique Jean-François Huchet, directeur du Centre d’études français sur la Chine contemporaine à Hongkong. L’Etat intervient indirectement mais il est présent et ces entreprises se servent du canal étatique pour faire avancer leurs intérêts."
L’efficacité de ce capitalisme d’Etat aux caractéristiques chinoises est discutée. Zhang Jun, l’économiste de l’université de Fudan, juge que ces "tigres de papier" prospèrent grâce à leur surprotection mais restent fragiles et doute de leur compétitivité en situation de concurrence réelle.
La Banque mondiale estime que "la Chine pourrait gagner en productivité en ouvrant un peu plus certains secteurs à la participation du privé" et en levant les obstacles à la concurrence."