"L'Afrique et la Chine vivent une véritable histoire d'amour depuis une décennie, mais la lune de miel est désormais terminée, estime la chercheuse Ana Alves. Doucement mais sûrement, les pays africains prennent conscience de ce risque de néocolonialisme."
Début 2012, l'inauguration dans la capitale éthiopienne, Addis-Abeba, du nouveau siège de l'Union africaine (UA), une tour d'une vingtaine d'étages entièrement financée par la Chine, avait fait grincer des dents quelques dirigeants africains.
En juillet 2012, à Pékin, le président sud-africain, Jacob Zuma, avait remercié la Chine de traiter les pays africains en "égaux" mais avait mis en garde contre les risques d'une relation commerciale déséquilibrée, "pas viable sur le long terme", dans laquelle l'Afrique fournit aujourd'hui avant tout des matières premières : "L'expérience économique de l'Afrique avec l'Europe dans le passé appelle à la prudence."
Certains pays, comme l'Angola, ont décidé de limiter leur dépendance avec la Chine en diversifiant leurs partenariats et en se tournant vers d'autres puissances émergentes du Sud comme le Brésil ou l'Inde, tout en maintenant des liens avec des pays occidentaux. D'autres tentent de conditionner des contrats à des transferts de technologie et de compétences et à des créations d'emplois.
Mais face à la puissance chinoise, la marge de négociation est souvent limitée. Fin 2011, Jacob Zuma avait été accusé d'avoir cédé à la pression chinoise en retardant le traitement de la demande de visa pour le dalaï-lama, chef spirituel des Tibétains exilé en Inde depuis 1959. Faute de réponse, le Prix Nobel de la paix 1989 avait annulé sa visite en Afrique du Sud.