Comme Lorant D a cité Deviosse ....
Guerre dans le Sud
Karl regrette, malgré ses succès nordiques, la perte de sa suzeraineté sur l'Aquitaine, qu'il avait promue à l'indépendance depuis quelques années. Il cherche un prétexte pour attaquer l'Aquitaine et le trouve facilement. C'est la guerre. Non seulement avec l'Aquitaine, conduite par Eudes, mais avec son gendre, musulman du nom de Munuza, tombé sous les coups du gouverneur de l'islam en Espagne du nord, qui projetait d' envahir les Gaules. Le général de l'islam, Abd-el-Rahman, avec une armée considérable, et de grands renforts venus d'Afrique part à l'attaque. Bientôt les musulmans encerclent l'Aquitaine, la Provence et la Bourgogne, contrées qui se trouvent enfermées dans une sorte de tenaille. « Le vent de l'islamisme soufflait dès lors de tous les côtés à la fois » dit un conteur arabe. Remontant la vallée du Rhône, ils s'emparent de Vienne, de Lyon, de Mâcon, arrivent près de Dijon pour bifurquer enfin dans la vallée de l'Yonne et s'emparer de Sens.
D'un autre côté, Abd-er-Rahman envahit encore l'Aquitaine et s'empare de Bordeaux. La déroute des Aquitains est totale, et leur chef Eudes ne doit son salut qu'à la fuite, poursuivi jusqu'à Tours. Désespéré, Eudes va implorer le secours de son plus implacable ennemi, Charles Martel ! Toute l'Europe occidentale a peur de cette invasion terrible de l'islam. Aussi Karl n'a nulle peine à rassembler des troupes - certes disparates - mais considérables. Il organise minutieusement la bataille qui fut décisive pour l'Occident.
En octobre 733, après l'incendie de l'Église de Saint-Hilaire par les musulmans – entièrement pillée – à Poitiers, les deux armées se font face. On ne sait pourquoi les Arabes, chargés d'un immense butin, ont accepté le combat. Après sept jours d'observation mutuelle et d'hésitations – comme si Abd-er-Rahman avait eu de la crainte devant Charles Martel - la bataille éclate. En effet, il ne s'agissait pas seulement d'une razzia, puisque l'armée musulmane entraînait avec elle des machines de siège, mais d'une conquête générale de la France.
Peut-être est-il bon de rappeler que l'islam a gardé longtemps des îlots de possessions en Europe occidentale, à cause de la tolérance de l'Arabe, la possibilité des complicités locales, ce qui se produit constamment dans les conquêtes de l'islam. Il a même fallu deux siècles pour débarrasser les montagnes du Jura de l'occupation de l'islam; ce dernier s'implanta dans le Roussillon durant 90 ans, et posséda le pouvoir sur la vallée du Rhône pendant 13 ans...
Cette bataille de Poitiers ne fut donc pas entièrement décisive. Après 717, l'Europe était encore menacée. « Deux ans plus tard, El Sahm conquiert la Septimanie base de l'attaque future contre la Gaule, et les musulmans – outre l'occupation militaire – font venir d'Afrique des familles entières avec femmes et enfants pour installer leur pouvoir. Cette activité arabe insatiable touche aussi la Sicile, la Sardaigne, les Baléares et la Corse... Mais la bataille de Poitiers a définitivement bloqué l'avance conquérante inexorable des musulmans vers le Nord.
La victoire est due essentiellement au décès brutal à la nuit tombante d'Abd-er-Rahman le général en chef, et au fait du « rempart de glace » constitué par l'armée de Charles Martel. Et les musulmans, qui sont aussi prompts au découragement qu'à l'exaltation, n'ont pu supporter la perte de leur général…Ils abandonnent tout leur camp rempli de dépouilles et de butin. Heureusement, car les Francs à pied n'auraient jamais pu poursuivre leurs ennemis à cheval... Mystère donc que cette victoire qui a frappé fortement les contemporains, et pour l'Église qui profitera plus tard au maximum de cet évènement.
Ainsi, même si l'affabulation s'est emparée de cette victoire, des chiffres exorbitants de morts ayant été largement diffusés, on peut dire que l'élan de l'Islam fut brisé à Poitiers par Charles Martel. A partir de ce moment, le centre de gravité de l'Empire musulman est rejeté vers l'Asie antérieure. L'Occident a eu le sentiment d'avoir été sauvé par le Carolingien. (Mystère peut-être aussi de l'intervention de Dieu pour sauver le christianisme. Réd.). Dès lors aussi les relations de Charles Martel et du Saint-Siège vont être prépondérantes, ce qui prépare l'avènement de Pépin de Bref, puis de Charlemagne. Enfin, fort de cet appui, Karl va poursuivre ce seul objectif : rétablir l'unité de la plus grande Gaule.
: