Toute cette affaire a été comprise par des demeurés au niveau où ils pouvaient l'entendre : la provocation n'a jamais existé que dans leur tête, et ils n'ont commis que l'erreur de confondre l'Hymne National avec les vapeurs de la Kronenbourg, la France et leur nationalisme obtus.
Il n'y a aucun élément de provocation dans cette chanson, qui n'est qu'un hommage.
Toute ceci ne repose que sur un jeu d'images et des échanges protoplasmiques hénaurmes : Gainsbourg=provoc, Gainsbourg chantant la Marseillaise=provoc.
Rien de tout cela ne résiste à la plus petite analyse sérieuse.
C'est d'abord idiot d'un point de vue musicologique.
Ce que certains considèrent comme la Marseillaise ne varietur est un arrangement de Berlioz (très bon arrangement) qui ne correspond pas au morceau initial. Berlioz était un génie, hein, sur le plan musical (en plus, cet espèce de salaud avait une très jolie plume, je recommande ses Mémoires), mais ce qu'il faisait n'avait à peu près rien à voir avec ce qu'on pouvait écrire en 1791 ou 1792.
A peu près rien à voir.
Berlioz provocateur ?
Tout au long du 19ème siècle, il y a 50 manières de la chanter, elle a été reprise avec d'autres paroles et pas pour faire de la provocation. Sous la Commune, il y avait d'autres manières : c'était l'air le plus populaire et chacun la reprenait à sa façon, en changeant le rythme et surtout les paroles. Il en allait de même pour la Carmagnole et d'autres tubes du même genre.
Il n'y avait pas de Sacem ni d'othodoxie sur la façon de chanter cet air, qui appartenait à tout le monde.
Et encore une fois, la Marseillaise Berlioz, c'est simplement une façon de la chanter.
Ca n'appartient pas à Berlioz, ça n'appartient pas aux fachos, ni au communistes, cela appartient à la France.
Gainsbourg a eu parfaitement raison de dire aux Paras de Strasbourg qui voulaient l'empêcher de chanter qu'il était fidèle à la vraie signification de cette oeuvre, dont il a scrupuleusement respecté et la lettre et l'esprit (1)
Le fait de l'adapter en reggae est tout à fait conforme, comme je viens de l'expliquer à la nature de cette oeuvre, qui a été adaptée à tous les genres et résisté à tous.
Remarque à part : on croit qu'il y a chez Gainsbourg une marque d'incivisme à cause des images, comme je l'ai dit plus haut. On le revoit dans ces gestes provocateurs, dont aucun ne visait la France (foutre le bordel dans une émission de Drucker, c'est quand même pas insulter la France, que je sache!), sauf un : la fameuse fois où il a brûlé un billet de 500 F (ce qu'on appelait un "Pascal", à l'époque, le plus gros billet existant).
Mais il a eu des déclarations parfaitement explicites sur le fait qu'il n'était pas un "déserteur" (c'est le terme précis qu'il a employé), qu'il ne se tirerait pas en Suisse, ce qu'il n'a en effet jamais fait.
(1) ce qui fait la grandeur de l'oeuvre ce sont deux "punctus" (ou puncti, si vous préférez).
a) muuugir (ces féroces soldats).
b) "Aux armes !". Et on se fout un peu du reste. Et le "aux armes"! , on ne peut pas dire que Gainsbourg l'escamote, on n'entend au contraire que cela.
Il dit après "et caetera", il s'est défendu en rappelant que c'est dans le texte, tout ça c'est des discussions si l'on veut, mais on entend bien "aux armes"! et c'est cela que le chant veut dire.
Il fait entendre "aux armes"! , ce qui est à la fois la lettre et l'esprit de cette chanson, et c'est pas une question de reggae ou je sais pas quoi, la question c'est "aux armes"!