La Grande-Bretagne, ou l’austérité à crédit

Londres mène des politiques originales depuis 2008. Après avoir laissé filer les déficits et s’être appuyé sur la politique monétaire ultra-accomodante de la banque centrale, les conservateurs, au pouvoir depuis 2010, mènent une austérité sévère, au bilan très mitigé, comme le rapporte The Economist.

Verre à moitié vide ou à moitié plein

La situation outre-Manche est assez complexe. Points positifs, alors que la zone euro a probablement connu son 7ème trimestre consécutif de récession et après une 2ème récession, l’activité a rebondi modestement au premier trimstre (1,2% en rythme annuel) et les indicateurs avancés poussent à l’optimisme. En outre, les entreprises privées ont réussi à créer pas moins de 1,6 millions d’emplois depuis mi-2009, ce qui permet au pays d’afficher un nombre total d’emplois supérieur de 500 000 au pic d’avant la crise, une situation que peuvent envier la grande majorité des pays européens.

Cependant, la situation n’est pas aussi rose qu’elle en a l’air, comme le rapporte The Economist. En effet, le PIB reste près de 4% inférieur à son niveau de début 2009, une des plus mauvaises performances des grands pays dits développés. Le pays a cumulé la crise la plus violente depuis la Seconde Guerre Mondiale et la reprise la plus lente. Au rythme actuel, le PIB par habitant retrouvera son niveau d’avant-crise en 2020 ! Pire, malgré la dépréciation de 25% de la livre depuis 2007, le pays n’exporte pas davantage et son déficit commercial s’est maintenu à un niveau important.

En fait, l’investissement des entreprises s’est effondré de 34% depuis 2008 en terme réel et celui de l’Etat de 13%. Bref, la croissance ne tient que grâce à la progression de la consommation, que ce soit de l’Etat (+6%) ou des ménages. En effet, après s’être désendettés, depuis quelques mois, les ménages s’endettent de nouveau puisque le taux d’épargne est tombé de 7 à 4% depuis 2012 compensant la baisse de 9% des revenus. Si la consommation des ménages avait évolué au même rythme que leurs revenus, alors le PIB aurait reculé de 1,7% au premier trimestre 2013…

Un cocktail détonant de politique économique

Ce qui est intéressant avec la Grande-Bretagne, c’est qu’en l’absence de politique monétaire autonome (si le pays avait rejoint l’euro), alors sa situation serait probablement comparable à celle de la Grèce étant donné que ses déficits sont supérieurs. En effet, Londres a pu continuer à emprunter à très bas taux (en général comparables à ceux de la France) parce que sa banque centrale a monétisé la bagatelle de 375 milliards de livres depuis le début de la crise (l’équivalent de 460 milliards d’euros). En outre, cela a permis de faire baisser la valeur de la livre et de soutenir les exportations.

Si le pays n’exporte malgré tout pas davantage, cela a deux raisons. La première, c’est la grave crise européenne, qui prive le pays de débouchés puisque la demande globale de la zone euro baisse. La seconde, c’est un libre-échange, où, à part sur quelques niches, les industriels britanniques ne peuvent pas gagner avec un coût du travail 5 à 10 fois supérieurs à ce qui peut se trouver en Europe de l’Est ou en Asie. Résultat, la production industrielle a baissé de 11% en cinq ans, malgré la baisse de la lire. Message à passer à ceux qui pensent qu’un euro moins cher serait suffisant.

En outre, le gouvernement mène une politique budgétaire extrêmement stricte, un moyen de se différencier des travaillistes désormais perçus comme trop laxiste. Georges Osbourne a ainsi annoncé un nouveau plan d’économie pour tenir les objectifs en dépit d’une croissance plus faible. Du coup, l’Etat taille dans les investissements, ce qui fait craindre pour l’avenir. En bref, la politique monétaire très laxiste a permis à l’économie de ne pas s’effondrer, mais si le peu de croissance qu’il y a aujourd’hui se fait à crédit et sans investissement, autant dire que cela ne sera absolument pas durable.

Si la Banque Centrale a joué son rôle en évitant une véritable dépression économique, tout ceci montre que le modèle économique choisi par Londres n’est pas un modèle durable. Le cocktail d’austérité et de politique de l’offre ne peut pas faire redémarrer un pays dit développé ouvert à tous les vents de la mondialisation.

http://www.gaullistelibre.com/2013/07/la-grande-bretagne-ou-lausterite-credit.html

Pour ceux qui connaissent ou en ont entendu parler, vos impressions ? Sortir de l'UE changerait quelque chose ?

comment ont ils réussi à créer des emplois dans de telles conditions (baise des investissements publics et privés, aucune progression des exportations, .....) ? A part des emplois précaires dans les services , je ne vois pas.

En plus , c'est certainement une politique inflationniste et l'effat positif de la dévaluation de la livre sera vite annulée par l'inflation.