Je viens de trouver un terme pour désigner ce dont je parlais sur la page précédente : le latitudinisme.
L'hérésie des latitudinaires consiste à croire que tous les hommes pourront être/seront sauvés indépendamment de leur adhésion à la vraie religion et qu'il est donc superflu de les convertir. L'indifférentisme va encore plus loin en accordant la même valeur à toutes les religions.
http://www.laportelatine.org/vatican/sa ... 1_1985.pdf
§. 3. Toute religion peut-elle être une voie pour parvenir au vrai Dieu et à la vérité religieuse ?
Il y a dans l'affirmation en question plus qu'une ambiguïté, une erreur à peine implicite : l'indifférentisme religieux. Cette erreur est double ici :
- conception latitudinariste du salut,
- indifférentisme proprement dit.
a) conception latitudinariste du salut.
L'Eglise enseigne que l'on peut se sauver hors des limites visibles de l'Eglise catholique, par le "baptême de désir implicite", qui peut se rencontrer chez certains non-catholiques et non-chrétiens qui souffrent d'une "ignorance invincible", c'est-à-dire non coupable, de la vraie religion (Pie IX, "Singulari quadam", Dz 1647), mais observent la loi naturelle, mènent une vie honnête et droite et sont disposés à obéir à Dieu (Pie IX, Encyclique “Quanto conficiamur moerore", Dz1677). Cette doctrine a encore été rappelée par une instruction du Saint Office, du 8 août 1949 (DS. 3870). Mais, outre qu'hors des limites visibles de l'Eglise, on est dans une voie "où nul ne peut être assuré de son salut" (Pie XII "Mystici Corporis", DS. 3821), "qui pourrait s'arroger de déterminer les limites (l'étendue exacte) de l'ignorance invincible en question, selon la variété des peuples, des régions, des dispositions intellectuelles et de tant d'autres choses ?" (Pie IX, Dz 1647). Dès lors l'affirmation en question est latitudiniste en ce que, dans son sens obvie, elle étend sans limite la possibilité du baptême de désir implicite dans les religions erronées.
b) l'indifférentisme proprement dit.
Pour bien comprendre l'erreur indifférentiste, à peine implicite, de la formule, notons ceci :
- S'il est vrai que Dieu peut, par la grâce invisible du Saint-Esprit, attirer à la vérité une âme qui vit dans une religion fausse, il est faux que Dieu se serve positivement de cette fausse religion comme d'une voie vers Lui. La fausse religion, avec ses croyances erronées et ses pratiques peut-être superstitieuses sinon plus, ne peut être en elle-même une voie vers Dieu.
- C'est malgré sa fausse religion, malgré ses rites superflus ou superstitieux, que l'âme en question se sauvera. Par conséquent, soit dit entre parenthèses, les manifestations extérieures ou même publiques de cette religion ne peuvent absolument pas être considérés comme l'expression de la "recherche" d'une telle âme, à supposer qu'elle soit de bonne volonté.
- C'est par l'influence invisible du Christ et de l'Église que l'âme en question se sauvera ; c'est parce qu'elle est déjà sans le savoir chrétienne et catholique, qu'elle fera son salut ; la voie que suit cette âme, ce n'est pas sa religion erronée, c'est le Christ, qui est "la voie, la vérité et la vie" ! Affirmer qu'il existe pour cette âme une autre voie de salut, c'est précisément l'hérésie indifférentiste.