Le numerus clausus est une arme à double tranchant.
Tant que les médecins se répartissent naturellement bien et que leurs fonctions semblent correctement exercées par la population, ça leur permet de protéger (et de booster) leurs revenus en raréfiant la concurrence. Du coup, on comprend l'acharnement de l'ordre des médecins à maintenir un numerus clausus aussi bas que possible. Une autre retombée bénéfique est qu'il y a un taux énorme d'échec en première année, ce qui permet de renforcer l'aura académique de la profession : si tant de gens échouent, ça doit être que les études sont drôlement difficiles.
Le problème, c'est que les médecins n'ont accepté de faire aucune concession sur leur répartition géographique, et leur répartition parmi les débouchés. La raison évidente étant que la majorité d'entre eux (et c'est bien normal me direz-vous), et surtout les plus vocaux et les plus impliqués politiquement (bonjour Mr Cahuzac) sont plus intéressés par la perspective de devenir multi-millionnaire en Provence ou à Paris en ouvrant une clinique de chirurgie esthétique que par la perspective d'aller mener une vie simple et frugale dans le Vaucluse en sauvant des vies à l'hôpital.
Du coup, le problème s'est intensifié, s'est incrusté, s'est détérioré. Certaines régions sont devenues des déserts médicaux totaux, tandis que d'autres sont surpeuplées. Certaines spécialisations sont surpeuplées, d'autres manquent. Les hôpitaux ramassent les pires médecins dont ne veulent pas les cliniques, et sont obligés de faire appel à des immigrés aux capacités souvent douteuses pour combler.
Les générations déjà installées ont espéré pouvoir refiler éternellement la patate chaude aux suivants, en essayant de pousser pour faire porter le poids de leurs méfaits sur les suivants, en proposant que le gouvernement force les nouveaux médecins à exercer dans telle zone sous telle spécialité et sous tel contrat pendant X années. Las, les étudiants ont hurlé à la mort, et froisser les jeunes, c'est beaucoup trop ringard pour qu'un gouvernement accepte.
Pire, les médecins qui avaient espéré qu'on règlerait le problème avec des bonbons (déductions d'impôts faramineuses, salaire élevé versé par l'Etat...) se sont heurtés au trou des finances publiques et à un gouvernement à rhétorique gauche qui agite plus la cravache que la carotte. Heureusement, un gouvernement de gauche, c'est comme un gouvernement de droite, en fait c'est au centre : ça polémique, et puis ça n'agit pas.
Par contre, il est une solution que les gouvernements ont trouvé pour contourner ce satané numerus clausus sans réveiller l'ire des influents médecins : les immigrés. Alors ça, les immigrés personne ne peut rien dire contre, sinon on est FN donc un arriéré politique vivant au temps des nazis - si ce n'est des cavernes - dont la voix et l'opinion sont soudainement proscrites. Du coup, les immigrés, c'est plutôt un bon plan, faut bien l'avouer.
Bah évidemment, ça va retomber sur les médecins un jour ou l'autre, leur numerus clausus rendu inutile depuis belle lurette sautera et ils seront livrés à une concurrence débridée. Oh et bien sûr les patients subiront aussi avec des médecins nuls à chier parlant à peine français incapables du moindre raisonnement scientifique dépassant le niveau collège.
Mais bon, les coupables se seront bien empiffrés, c'est ce qui compte pour eux après tout.