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l est beaucoup question d’abandonner en tout ou partie la souveraineté nationale. Ce sont des mots. Laissons-les aux professeurs de Droit. Ces messieurs ont si bien fait respecter leur rubrique intrus et in cute (1), ces dernières années, qu’on peut compter sur eux pour ajouter du nouveau à tous les plus les plus les plus glorieux gâchis de l’intelligence. Les trésors du réel et ses évidences sont plus forts qu’eux. Ce qu’ils déclarent périmé, ce qu’ils affectent de jeter par-dessus bord ne subira pas plutôt l’effleurement d’une égratignure ou d’une menace un peu concrète vous verrez l’éclat de la réaction !
Je ne comprends pas grand chose à ce texte en général, qui est fort allusif (l'oligarchie, évoquée plus haut, ça vise qui, par exemple ? ) d'une part, et ne semble pas témoigner d'un Maurras au mieux de sa forme (en 1948, pas étonnant...) d'autre part.
Mais le passage que je cite est assez gênant et ne semble pas éclairer l'actualité de manière sensée. L'abandon de souveraineté, est-ce que c'est un vain mot, aujourd'hui, à l'heure de l'UE ? J'ai plutôt l'impression que c'est une triste réalité. Au reste, que cela puisse susciter une "réaction" le confirme : on ne réagit pas ici à des mots ou de simples apparences juridiques.
Au rebours, le fait que le peuple français, en son tréfonds, veuille toujours maintenir ladite souveraineté, ne semble pas une donnée factuelle et définitivement acquise, encore moins une réalité ou une "évidence", mais plutôt un simple souhait.
Cette sorte d'entrelacs, de chiasme (pour faire pédant) dans le texte, entre le réel et le souhaitable, l'effectif et le langagier (les mots) ne ressemble pas à la (fameuse) clarté maurrasienne. Ce qui me fait dire que Pépère (il a 80 ans, en 1948) placote un peu, ici, comme diraient nos cousins québécois.