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Je me souviens avoir vu des publications sur la mémoire de l'eau, non pas sur l'homéopathie, mais sur des propriétés de l'eau pure, des propriétés dites "anormales". C'était lors de mes débuts dans mon métier (1967). Je me souviens avoir lu des articles, certains étaient dans la revue "Nature". Par la suite, il a été prouvé que cette eau dite anormale n'était pas pure : elle contenait des molécules provenant du verre des éprouvettes, une sorte de gel. Et l'eau redevint normale, aux yeux des scientifiques.
L'eau polymérisée était une forme hypothétique polymérisée d’eau qui a été un sujet de controverse scientifique à la fin des années 1960. En 1969, la presse généraliste s'y est intéressée. En 1970, des doutes sur l'authenticité de l'eau polymérisée ont commencé à se faire jour. À la fin de l'année 1973, il apparut clairement que l'eau polymérisée n'existait pas.
À présent, l'eau polymérisée est utilisée comme exemple de
science pathologique
.
Le physicien soviétique Nikolai Fedyakin, travaillant dans un petit laboratoire de recherche public à Kostroma, Russie, fit des mesures sur les propriétés de l'eau après qu'elle eut été condensée et qu'elle se fut écoulée de manière répétée dans de petits tubes capillaires en verre. Certaines de ses expériences semblaient montrer que l'eau se séparait en deux phases. Alors que l'une des phases conservait les propriétés de l'eau commune, l'autre semblait être un nouvel état de l'eau qui avait un point d'ébullition plus élevé, un point de congélation plus bas et une viscosité bien plus importante que l'eau ordinaire (proche de celle d'un sirop).
Boris Derjaguin, directeur du laboratoire de physique des surfaces à l'Institut de chimie physique de Moscou, eut connaissance des expériences de Fedyakin. Il prit de nombreuses précautions pour éviter toute contamination (capillaires en quartz, ...) et reproduisit la nouvelle forme d'eau. Il améliora la méthode. Bien qu'il ne produisit alors que de très faibles quantités du mystérieux matériau, il le fit bien plus rapidement que Fedyakin. Par rapport à l'eau ordinaire, les analyses des propriétés de ce nouveau matériau montrèrent un point de congélation bien plus bas (-40 °C ou moins), un point d'ébullition de 150 °C ou plus, une masse volumique comprise entre 1 100 et 1 200 kg·m-3, une augmentation de volume avec la température et une augmentation de viscosité par un facteur de 15. Jusqu'en 1966, Derjaguin publia une dizaine d'articles sur le sujet, tous en russe, dans des journaux scientifiques soviétiques. De courts résumés furent aussi publiés en anglais dans Chemical Abstracts. Cependant, cela n'attira pas l'attention des scientifiques occidentaux.
En septembre 1966, Derjaguin voyagea en Angleterre à l'occasion des Discussions de la Faraday Society à Nottingham. Il y présenta son travail, et cette fois-ci, les scientifiques anglais remarquèrent ce qu'il nommait alors eau anormale. Les scientifiques anglais débutèrent alors des recherches sur ce matériau. En 1968, des recherches débutèrent aux États-Unis. En 1969, l'American National Standards Institute confirma l'expérience. La même année, le concept apparut dans les journaux et les magazines.
En pleine guerre froide, les militaires américains craignirent d'être en retard sur le sujet de l'eau polymérisée par rapport à l'Union soviétique. Ellis R. Lippincott (université du Maryland) interpréta les spectres infrarouges comme ceux d'une forme d'eau polymérisée (polywater en anglais).
Une controverse scientifique s'ensuivit. Des expérimentateurs furent capables de reproduire les découvertes de Derjaguin alors que d'autres échouèrent. Plusieurs théories furent échafaudées pour expliquer le phénomène. Certains proposèrent que c'était la cause de l'augmentation de résistance des câbles téléphoniques transatlantiques, tandis que d'autres, dont F. J. Donahoe (collège de Wilkesen, Pennsylvanie), prédirent que si de l'eau polymérisée était mise en contact avec de l'eau ordinaire, cette eau ordinaire serait transformée en eau polymérisée, rappelant le scénario d'apocalypse du roman "Le Berceau du chat" de Kurt Vonnegut : toute l'eau terrestre serait transformée en eau polymérisée, menant à un assèchement de la planète, scénario qui fut invoqué par des astronomes pour expliquer l'aridité de Vénus. Des applications pratiques furent aussi échafaudées, telles que l'utilisation comme imperméabilisant pour les textiles. Au début des années 1970, l'eau polymérisée était de notoriété publique au sein du grand public.
Denis Rousseau et Sergio Porto des Laboratoires Bell répétèrent les expériences et les publièrent en mars 1970 : les analyses révélaient une composition faite majoritairement de sodium et de chlore. Il apparut aussi qu'un article soviétique de 1968 rapportait la présence de composés organiques. Denis Rousseau analysa sa propre sueur, qu'il collecta à la suite d'un match de handball américain de son laboratoire. Il trouva qu'elle avait un spectre identique à celui de l'eau polymérisée. Il publia alors un article suggérant que l'eau polymérisée n'était rien d'autre que de l'eau avec de petites impuretés biologiques. Cette nouvelle défraya la chronique : le 27 septembre 1970, Le New-York Times ironisa : « eau polymérisée ou transpiration de chercheur ?». La nouvelle fut aussi publiée, par exemple, le 28 septembre dans le Chemical & Engineering News et le 12 octobre dans le Der Spiegel. (...)
Des examens au microscope électronique mirent en évidence la présence de petites particules solides de différentes natures, allant du silicium aux phospholipides, expliquant la plus grande viscosité. En fait, les tubes en verre et en quartz, même très propres, n'en sont pas moins poreux. Ces pores absorbent les vapeurs d'eau et de sels organiques contenus dans l'air. Les expériences qui prétendaient produire de l'« eau polymérisée » mettaient en fait en évidence la précipitation de ces sels et des poussières microscopiques de verre ou de quartz provenant des tubes. L'utilisation de tubes en polyéthylène – non poreux – confirma le mécanisme.
Les scientifiques qui étaient partisans de l'eau polymérisée reconnurent qu'elle n'existait pas. Cela prit quelques années de plus en Union soviétique, où des scientifiques continuèrent à travailler sur le sujet. C'est en août 1973 que Derjaguin reconnut publiquement, au travers d'une lettre dans Nature, que l'eau polymérisée n'existait pas, mettant fin aux débats. Au final, en quelques années, 400 chercheurs publièrent près de 500 articles sur le sujet.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Eau_polym%C3%A9ris%C3%A9e Pas trop gâteuse, la mamie. Elle se souvient bien de Nature mais aussi de journaux soviétiques (on en recevait la version traduite en anglais).
Le jeune chercheur de mon labo qui se passionnait pour cette question, comparait cela avec la mémoire de l'eau en homéopathie, dont il était un fervent adepte.
La mémoire de l’eau est le nom donné en 1988, au cours d'une controverse médiatique, à une hypothèse du chercheur Jacques Benveniste selon laquelle l’eau qui a été en contact avec certaines substances conserve une empreinte de certaines propriétés de celle-ci alors même qu'elle ne s’y trouve statistiquement plus.
Le résultat d'une série d'expériences réalisées pour valider cette hypothèse est alors présenté par les tenants de l'homéopathie (qui pratique une dilution très importante des principes actifs) comme une validation scientifique de celle-ci.
La reproduction de l'expérience dans des conditions plus rigoureuses ayant donné un résultat négatif, et aucune explication satisfaisante n'ayant été proposée, les chimistes estiment que le concept de mémoire de l'eau n'est qu'un
artefact expérimental
.
Il continue cependant d'être étudié par certains scientifiques, dont le biologiste Luc Montagnier qui estime que Benveniste avait globalement raison, malgré des résultats qui « n'étaient pas reproductibles à 100 % ».
Pour la plupart des chercheurs, l'eau liquide ne retient pas de réseaux ordonnés de molécules pendant plus d'une petite fraction de nanoseconde. Pour les autres, tels Brian Josephson, Luc Montagnier et Martin Chaplin, des structures peuvent subsister à d'autres échelles, indépendamment de la brièveté des liaisons entre molécules d'eau, et il est possible, selon Montagnier, d'en détecter l'empreinte électromagnétique, comme l'affirmait Benveniste. (...)
... les expériences sur la mémoire de l’eau sont classées par certains observateurs dans la catégorie des
pseudo-sciences
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... En juillet 1988, la conclusion de la contre-enquête est donc : « Le phénomène décrit n’est pas reproductible au sens habituel du terme. Nous concluons qu’il n’existe pas d’arguments solides pour affirmer que l’anti-IgE à haute dilution (à une dilution aussi élevée que 10) garde une activité biologique, et que
l’idée que l’on puisse imprimer dans l’eau la mémoire de solutés y ayant transité est aussi inutile que fantaisiste
».
http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9moire_de_l%27eau Mon collègue avait été passionné par ces théories. Il adore le paranormal !