Venant de l'Institut d'histoire du temps présent, dépendant du CNRS et peu suspect de stalinophilie, traduc d'un extrait de rapport du Guépéou (rattaché au NKVD) sur la famine de 33 :
Extraits du rapport du Chef du Département régional du Guépéou de Dniepropetrovsk sur l’étendue de la famine dans la région de Dniepropetrovsk :
Le 5 mars 1933
Au cam. V. Balitskii, Président du Guépéou de la RSS d’Ukraine
Nous avons déjà signalé, dans une série de notes spéciales, le nombre croissant de morts dues à la famine. Les causes de ces morts ont été confirmées par des analyses médicales et des autopsies organisées par les appareils de district du Guépéou, sous le prétexte de contrôle épidémiologique.
Actuellement, nous travaillons sur l’analyse de l’ampleur exacte du phénomène. Les données partielles dont nous disposons concernant 35 districts montrent que 336 soviets ruraux sont affectés par le phénomène. 6 436 familles sont touchées, 16 211 individus présentent un gonflement suspect dû à la faim. 1 700 individus sont morts de faim, et dans le district de Novo-Vassilievsk, de maladies diverses liées à la faim. L’autopsie pratiquée sur des cadavres montre, outre un amaigrissement et un gonflement caractéristiques, une absence totale d’aliments et même de liquide dans les estomacs, l’intestin grêle et la vessie. Cependant, la preuve la plus évidente que ces gens sont morts de faim est fournie par les témoignages des survivants, eux-mêmes dans un état grave.
Par ailleurs, en sus des informations vérifiées exposées ci-dessus, il existe des informations non encore vérifiées (la vérification est en cours) concernant 5 districts. 855 familles y souffriraient de faim, 2 494 individus présentent un gonflement suspect et 144 sont déjà morts de faim. Bien que l’absence de données complètes et vérifiées ne permette pas d’évaluer l’ampleur du phénomène dans ces 5 districts, il semble évident que la famine y a pris des dimensions importantes. Enfin, des rapports partiels, impossibles à généraliser, montrent que des individus connaissent la faim dans les autres districts de la région, en particulier dans les districts Kolarovskii et Moltchanovskii.
On notera que dans le district de Novo-Vasilievskii, un grand nombre des décès est dû à la malaria, qui a pris un caractère d’épidémie. L’état d’épuisement et d’amaigrissement de la population rurale, dû à la faim, contribue à l’issue fatale et à la très forte mortalité.
Si l’on analyse l’origine sociale des affamés, on constate les faits suivants : kolkhoziens : souffrent de la faim – 5 165 familles (35 districts) ; déjà gonflés – 12 582 ; morts – 1 246. Paysans individuels : souffrent de la faim – 1 271 familles (35 districts) ; déjà gonflés – 3 629 ; morts – 454.
Il est indispensable de noter que parmi les kolkhoziens affamés, il y a un grand nombre de familles ayant activement travaillé au kolkhoze et accompli un nombre élevé de journées-travail. Ainsi, dans le district de Melitopol, à Peschanka, par exemple, parmi les affamés on compte 107 familles – sur ce nombre 7 familles ont accompli 500 à 800 journées-travail, 8 familles de 400 à 500 journées-travail, 28 familles de 300 à 400 et 64 moins de 300.
Dans le district de Pokrov, souffrent de la faim d’excellents travailleurs comme Maksimenko E. F. (kolkhozien issu de la paysannerie pauvre), qui a accompli 620 journées-travail ; Listopak A. T. (kolkhozien issu de la paysannerie pauvre), qui a accompli 798 journées-travail. Dans le district de Mejevsk, Karpenko I. M. (kolkhozien issu de la paysannerie pauvre) a accumulé 951 journées-travail ; Loukianenko Evdokia est une kolkhozienne issue d’une famille de paysans moyens, son fils fait son service militaire dans une unité de tanks ; elle a accompli 811 journées-travail . On compte au moins 15 familles de ce profil, qui toutes souffrent de faim et présentent déjà des signes de gonflement avancé.
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Rien n'indique la satisfaction pour le résultat d'une décision prise auparavant.