Les Coranistes : un signe du déclin islamique
Auteur: Mumin Salih
Les Quranyon sont des musulmans désenchantés et désorientés, mais leur existence reflète un Islam blessé.
Des signes montrent que de nombreux musulmans désertent le courant principal de l’Islam au profit d’une secte islamique peu connue appelée les Quranyon ou "coranistes."
Un observateur du débat religieux au Moyen Orient, que ce soit dans la presse écrite ou sur Internet, ne peut que noter la croissance de cette toute nouvelle secte islamique qui se désigne parfois sous le nom de Nouveaux Ahnaf.
Même la secte islamique éteinte des Mutazilites semble renaître dans certains pays du Moyen Orient. Ces nouveaux groupes ne sont actuellement ni bien organisés ni influents et ne le seront probablement jamais mais leur multiplication est significative car elle illustre les fissures toujours plus profondes de la structure Islamique.
Les coranistes et la Sunna
Les coranistes basent leur argumentation sur la fausse allégation que le Coran est la parole d’Allah parfaitement préservée et est ipso facto infaillible. Ils affirment que le Coran est un livre complet ; un musulman n’a donc pas besoin d’autres sources d’informations. En pratique, ils prêchent un islam entièrement différent basé uniquement sur le Coran. Bien qu’ils se présentent comme des réformateurs islamiques et des défenseurs du Coran, les autres musulmans les considèrent tout simplement comme des hérétiques.
Les coranistes connaissent parfaitement l’histoire de Mahomet (Sira) et son exemple (Sunna) mais leur science les amène à une conclusion risible. En effet, leur raisonnement peut se résumer ainsi : « puisque la vie de Mahomet est scandaleuse et ses hadiths (actes et paroles) pleins d’absurdités, alors ces hadiths doivent forcément être faux ! » Cela revient à dire : « puisque toutes les preuves accablent le suspect, c’est que les preuves sont fausses ! » Cette analyse totalement irrationnelle est loin d’être unique aux coranistes mais est au contraire assez généralement répandue parmi les érudits musulmans et reflète l'ampleur des dommages que l'Islam inflige à l’intelligence humaine.
En rejetant la Sunna, les coranistes s’affranchissent de la mission impossible de défendre la conduite de Mahomet. Ils sont bien conscients que les charges qui pèsent sur lui, comme celles publiées sur ce site, sont indéfendables car basées sur d’authentiques sources islamiques. En niant les sources islamiques les plus authentiques, les coranistes peuvent répondre à toutes les accusations portées contre Mahomet : « ce ne sont que de vieilles histoires invérifiables, cela pourrait très bien être faux. » Les coranistes n’en ont peut-être pas conscience mais leur profonde inclination à nier la Sunna est une reconnaissance indirecte de ce que Mahomet est plus un handicap qu’un atout pour l’Islam.
Les coranistes et le Coran
Le mot arabe Qurani (coraniste) dérive du mot Coran, un groupe de coranistes est appelé Quranyon. Les coranistes sont absolument ravis d’être désignés par un mot qui les relie au Coran. Cela leur donne une certaine protection contre les inévitables accusations d’être des infidèles. Leur association au Coran leur donne un illusoire sentiment de sécurité ; après tout ce n’est pas si facile que ça de qualifier d’infidèles des gens qui croient au Coran.
Il peut sembler bizarre que les coranistes rejettent la Sunna parce qu’ils considèrent qu’elle déshonore l’Islam et Mahomet tout en acceptant sans restriction le Coran. Un lecteur objectif du Coran y relève autant d’absurdités que dans la Sunna, si pas plus. Alors pourquoi les coranistes ne défendent-ils que le Coran ?
Pour expliquer cette étrange attitude prenons l’exemple fictif d’un voleur confronté à un enregistrement vidéo de mauvaise qualité pris de lui pendant qu’il piquait dans les rayons d’un magasin. La qualité de la vidéo n’est pas terrible mais est suffisamment claire pour prouver le délit. Le voleur va alors baser sa défense sur la piètre qualité de l’enregistrement, il pourra dire qu’il n’était pas en train de piquer ou qu’il s’agit d’une autre personne.
Le Coran est un livre ambigu rempli de répétitions et de contradictions. Il y a suffisamment d’absurdités dans assez de chapitres du Coran pour démontrer son ineptie. Le rôle de la Sunna est de clarifier et préciser le Coran, accentuant encore son absurdité. C’est pourquoi les coranistes préfèrent lire le Coran sans la Sunna ; une certaine obscurité est préférable s’ils veulent pouvoir dénaturer le sens d’un verset pour aboutir à une interprétation conforme à leurs vœux.
Dans leurs efforts pour préserver le Coran, les coranistes n’ont pas honte de lancer les arguments les plus incongrus. Pour exempter le Coran de ses faiblesses en donnant un sens entièrement nouveau aux versets, ils raisonnent comme suit : “Puisque le sens apparent de ce verset est illogique et inacceptable, c’est que ce ne peut pas être le sens voulu par le Coran.” Ils en arrivent à prétendre que le Coran a son propre langage coranique (pas l’arabe !) pour justifier leurs extraordinaires interprétations de ses aberrations ! Cela peut expliquer pourquoi ce courant séduit certains musulmans insatisfaits qui n’ont pas honte de violer les règles et la grammaire de leur langue pour disculper le Coran de ses erreurs. Ils trouvent en ces interventions cosmétiques un confortable compromis qui leur permet de continuer à croire en l’Islam sans avoir à croire à ses absurdités.
Les musulmans considèrent la Sunna comme un complément et une explication du Coran. C'est d’ailleurs tout à fait vrai. Cependant, accepter la Sunna laisse peu de marge de manœuvre aux coranistes pour exercer leur art de la distorsion du sens des mots. Les coranistes ne peuvent pas exercer aisément leurs aptitudes à l’altération sémantique sur les hadiths, en effet ceux ci sont repris dans plusieurs recueils avec un vocabulaire différent, ce qui leur rend impossible d’ergoter sur le sens d’un mot pour falsifier une phrase et lui donner le sens qu’ils souhaitent.
Un Islam limité au Coran
Les coranistes aiment se présenter comme des intellectuels musulmans (bien que ces deux mots soient antinomiques) et des réformateurs islamiques. Leur détermination à présenter l’Islam comme une religion moderne et civilisée les a contraint à adopter un comportement mythomane pour se convaincre d’accepter le Coran et se convaincre que le reste des musulmans les accepteront.
Les affirmations des coranistes sur le fait que la Sunna manque fiabilité parce qu’elle ne nous est parvenue qu’a travers des récits est un autre argument risible. Il doit leur avoir échappé que tout ce qui concerne l’Islam, du Coran à l’histoire de Mahomet et sa Sunna, nous est parvenu via les mêmes récits. Le Coran a été mis par écrit par des humains, conservé par des humains et compilé par des humains. Les coranistes ne peuvent pas nier le fait que c’est le Calife Othman qui, pour éviter que l’existence de plusieurs versions différentes ne cause des problèmes, ordonna la rédaction d’une version officielle du Coran et ordonna ensuite que toutes les autres copies soient détruites parce qu’elles différaient de sa version. A l’époque des figures importantes de l’Islam, comme Ibn Masoud, avaient été indignées par cet autodafé des autres versions et refusèrent de reconnaître le Coran officiel d’Othman.
Le Coran exige sans arrêt des musulmans qu’ils suivent l’exemple de Mahomet (Sunna). Si les coranistes écartent la Sunna il faudra bien qu’ils répondent à une importante question: comment les musulmans pourraient-ils suivre l’exemple de Mahomet s’ils ne reconnaissent pas cet exemple ?
Les coranistes ne forment pas un groupe bien déterminé et ne s’accordent pas sur des principes clairs et reconnus par tous. Ils s’accuseraient plutôt les uns les autres d’être des infidèles! Par définition, les coranistes sont des Soumis (musulmans) bien qu’ils soient considérés comme des infidèles par tous les autres. Le seul point commun des coranistes est probablement leur rejet de la Sunna et leur volonté de justifier à tout prix les passages gênants du Coran. Cependant, un Islam fondé uniquement sur le Coran donne un résultat si bizarre que l’on n’y reconnaît plus qu’à peine l’Islam. Il est vrai que le Coran est le livre sacré de l’Islam mais l’essence de cette religion est tirée de la Sunna. Certains détails de l’Islam qui ne sont qu’à peine mentionnés dans le Coran comme la façon de pratiquer la prière sont complètement altérés par les coranistes. Par exemple, dans le cas de la prière, ils ne reconnaissent que trois prières obligatoires et non cinq et ils la pratiquent différemment de la majorité des musulmans.
Dans les faits, les coranistes font donc des changements fondamentaux dans la doctrine de l’Islam, en d’autres termes ils introduisent la Bidaa (innovation) à grande échelle, ce qui est un péché mortel en Islam. Cela s’est déjà vu au cours de l’histoire islamique, comme par exemple le mouvement Al-Mutazela qui fut complètement éradiqué sous la dynastie Abbaside. Les actuels violents conflits entre les différentes sectes islamiques sont un autre rappel de l’inexistence de la tolérance islamique. Certains coranistes ont déjà été assassinés sous prétexte qu’ils n’étaient que des infidèles se faisant passer pour des musulmans.
La mentalité des coranistes est une autre triste illustration des dommages que l’Islam peut infliger à la raison des hommes. Ces gens sont capables de mettre le doigt sur assez de monstruosités islamiques pour réaliser que Islam n’est que le culte d’un malade mental et pourtant, incapables de rejeter l’Islam, ils s’embarquent dans un processus désespéré d’auto hypnose parce que leurs esprits désorientés ne parviennent pas à imaginer qu’il y a une vie en dehors de l’Islam.
Le nombre croissant de coranistes reflète les interventions menées par certains musulmans pour camoufler les fissures toujours plus profondes de l’Islam. Mais ce ne sont que des interventions cosmétiques et superficielles qui ne pourront pas consolider bien longtemps la structure. Nous devons aussi garder à l’esprit que tous les coranistes ne croient pas à ce qu’ils disent. Beaucoup de musulmans désillusionnés considèrent ce groupe comme un abri sûr contre l’Islam réel. Certains coranistes finissent par rejeter le Coran après avoir rejeté la Sunna et poursuivent leur quête de la vérité et de la liberté. Beaucoup de coranistes ne prétendent l’être que pour continuer à vivre dans les sociétés islamiques sans être considérés comme des hors-la-loi. Pour l’instant l’Islam tolère apparemment leur existence mais cela pourrait ne pas durer longtemps. Il est probable qu’on ne les laisse actuellement en paix que parce qu’ils sont considérés comme un groupe de musulmans non pratiquants et désaxés qui finiront par revenir à Islam.