Les acteurs économiques ayant pris part à ce projet pharaonique sont nombreux. On retrouve tout d’abord Sonangol Imobiliaria, filiale de Sonangol, l’entreprise publique qui est en charge de l’exploitation et de la production de pétrole et de gaz naturel en Angola. Extrêmement enrichie par son activité principale, la Sonangol a développé de nombreuses filiales dans le domaine des télécommunications, des transports aériens, des matériels sismiques, … La branche Sonangol Immobiliare gère des projets industriels de grande ampleur. Sonangol va être en charge de commercialiser tous les logements de la ville.
Les fonds ont été avancés par la Banque industrielle et commerciale de Chine (1ère banque du monde en capitalisation boursière) chez qui une ligne de crédit a été octroyée. China Communication Construction assure le déploiement des télécommunications, China Road and Bridge Corporation assure la construction des routes. Derrière ce projet pour la population angolaise, on retrouve donc toute une ligne de fournisseurs chinois. Comment expliquer ce choix?
La gestion de la globalité du projet est assurée par le groupe Pierson Capital. Spécialiste de l’ingénierie financière, du consulting stratégique et de l’investissement dans les projets de grande ampleur, le groupe Pierson a assuré le lien entre l’Angola et la Chine pour faire participer cette dernière dans le développement économique et sociale du pays angolais. Dirigé par Pierre Falcone, homme d’affaires international depuis plusieurs décennies, le groupe Pierson Capital possède des locaux aux Etats-Unis, au Mexique et... en Chine. Dans les années 80, Pierre Falcone avait déjà employé son impantation en Chine pour aider Axa à obtenir sa première licence d’assureur dans ce pays. Pierre Falcone fut également à l’époque consultant pour Aerospatiale.
Kilamba, la ville aux 200 000 habitants éclair, est donc un projet sino-angolais sur toute la ligne. Niveau organisation sociale, tout est déjà prévu: de la collecte des déchets (et sensibilisation au tri) à l’entretien des espaces verts en passant par l’éclairage et l’entretien du matériel. Des taxes seront mises en place pour les habitants de la ville, ainsi que toute la machine administrative permettant de gérer tout cela: registre électoral, bureau du registre civil, service des finances, …
Kilamba n’est pas seulement un projet immobilier, c’est un projet social, global, et de progrès. Les acteurs impliqués dans sa construction suivent de très près ses évolutions, car il est question ici de faire de Kilamba un modèle qui pourra être vendu dans d’autres pays.
Le projet est défendu bec et ongles par le gouvernement du président José Eduardo dos Santos, qui avant le début de son mandat avait promis de construire un million de maisons en quatre ans. Le problème actuel étant que les résidences de Nova Cidade de Kilamba – dont le prix oscille entre 120 000 et 200 000 dollars – sont inaccessibles pour la grande majorité de la population, dont les deux tiers vivent avec moins de 2 dollars par jours, selon les estimations des organisations internationales.
"Il n'y a tout simplement pas de classe moyenne en Angola, uniquement les très pauvres et les très riches. Et donc, il n'y a personne pour acheter ce type de logement", résume Elias Isaac, membre de l'Open Society Initiative of Southern Africa (OSISA), cité par la BBC. Le gouvernement angolais promet de faciliter les emprunts-logements et de prévoir une part de logements sociaux dans le parc immobilier. Ses détracteurs estiment qu'il a surtout voulu se précipiter en vue de l'élection présidentielle, qui a lieu le 31 août.