Ce qui est surtout révélateur c'est le taux d'emploi.
On observe la chute énorme de la Population employée, qui est toujours sous son niveau de 2007 – ceci était attendu. Évidemment, la crise n’a eu aucun effet sur la Population totale, qui continue d’augmenter linéairement. Il en est de même pour la Population civile hors institutions.
Le point saillant est que la population active a cessé de croître depuis l’automne 2008. Et qu’elle a même diminué depuis lors. Un tel phénomène n’est tout simplement jamais arrivé aux États-Unis depuis 40 ans, même au pire de la crise des années 1970. En conséquence, c’est la population non active qui a très fortement augmenté depuis 2009. Nous n’avons pas de statistiques détaillées sur ces travailleurs découragés, mais ce sont probablement en bonne partie des sexagénaires et des septuagénaires qui ont cessé de travailler, alors qu’ils auraient continué avant la crise. Et au vu des retraites misérables américaines, on comprend que cette population se retrouve en situation difficile.
Grossièrement, le bilan entre le 1/5/2007 et le 31/12/2011 est de : 12,0 millions d’Américains en plus, dont 0,9 million dans des institutions (y compris écoles dans ce sens) et 11,1 millions hors institutions. Ce sont 9,1 millions d’Américains en plus dans la population non active, et à peine 2 millions en plus dans la population active. Ce sont 3,9 millions d’employés en moins, et 5,9 millions de chômeurs en plus.
Depuis 2007, si on prolonge la population active par sa tendance moyenne des 15 dernières années (elle a toujours été très linéaire), ce sont en fait 11 millions d’emplois qui manquent toujours à l’appel
– bien qu’il n’y ait « que » 6 millions de chômeurs en plus. Le taux de chômage « officiel » sur cette base ne devrait donc pas être de 8,2 %, mais de 11,6 %.
En fait, l’impact total de la crise affecte sans doute plus de 20 % de la population active, directement ou non (travail à temps partiel non choisi…).
Notre raisonnement est cohérent avec l’explosion de la population bénéficiant de bons d’aide alimentaire : + 20 millions en 4 ans. Il semble que la situation commence à peine à se stabiliser, mais il faudra plusieurs mois pour confirmer ceci. Ceci serait une bonne indication de la stabilisation de la situation de l’emploi (mais serait bien loin encore d’une franche « reprise »).
http://www.les-crises.fr/analyse-chomage-usa-1/