Bon, comme promis, je me suis renseignée .. et
j avais raison !!!
le nationalisme palestinien ne nait pas avec la Nakba.
Dès la fin du XIXe siècle, il y a une conscience palestinienne.
J ai reçu ce matin, un document (merci Vincent), que je voudrai vous faire partager ..
La lettre que Yussuf Ziya AL Kahlidi (Maire de Jérusalem) écrit, en français, au grand Rabbin de France Zadoc Kahn le 1er mars 1899 et que ce dernier transmet à Théodore Herzl, est considérée à juste titre, comme l un des actes fondateurs de la réaction politique palestinienne hostile au projet sioniste.
"Je me flatte de penser que je n ai pas besoin de parler de mes sentiments envers votre peuple
Tous ceux qui me connaissent savent bien que je ne fais aucune distinction entre Juifs, Chrétiens et Musulmans? Je m inspire toujours de la sublime parole de notre prophète Malachie : "N est ce pas que nous avons un père commun à nous tous ? N est ce pas le même Dieu qui nous a créés tous ?"
Après avoir ainsi exposé son sincère attachement à une vision syncrétique des trois monothéismes,
Al Khalidi se dit "à l aise" pour aborder "franchement la grande question qui agite actuellement le peuple juif", c est à dire le Sionisme. Il faut souligner qu il écrit le 1er mars 1899, tout juste dix huit mois après le congrès fondateur de Bâle en aout 1897 ...
"L idée en elle même n est que toute naturelle, belle et juste. Qui peut contester les droits des Juifs sur la Palestine ? Mon Dieu, historiquement, c est bien votre pays ! Et quel spectacle merveilleux, ce serait si les Juifs, si doués, étaient de nouveau reconstitués en une nation indépendante, respectée, heureuse, pouvant rendre à la pauvre humanité des services dans le domaine comme autrefois !"
On comprend pourquoi ce passage est moins volontiers cité que la suite du courrier : la phrase 'historiquement, c est votre pays !" résonne en effet étrangement aux oreilles d un lecteur contemporain, informé de la violence des débats actuels sur la légitimité et l antériorité respectives des deux nations israéliennes et palestiniennes. Dans le paragraphe suivant, Al Khalidi tente de confronter cette idée sioniste 'naturelle, belle et juste" avec la réalité du terrain, et c est ici que la mise en garde se fait jour :
"Il faut compter avec la réalité, avec les faits acquis, avec la force brutale des circonstances. Or, la réalité est que la Palestine fait maintenant partie intégrante de l Empire ottoman, et ce qui est plus grave, elle est habitée par d autres que des Israélites.. Cette réalité, ces faits acquis, cette force brutale des circonstances ne laissent au Sionisme, géographiquement, aucun espoir de réalisation, et qui est surtout important menace d un vrai danger la situation des Juifs en Turquie"
On voit bien que le plus grave à ses yeux et qui l est incontestablement sur la longue durée, c est la présence d une population non juive.
Dès 1891, Ahad Haam, écrivain juif russe et chef de file du sionisme dit "spiritualiste", écrivait ...
"Nous avons l habitude de croire à l étranger que la Palestine est une terre presque entièrement désolée, un désert non cultivé, un champ en friche, où quiconque désireux d y acheter des terrains pourrait se rendre et à en acquérir à sa guise... En réalité elle ne l est pas, sur toute cette terre, il est difficile de trouver un champ de terre arable non semée...
Nous avons l habitude de croire que les Arabes sont tous des sauvages du désert, un peuple pareil à l âne, incapable de voir et de comprendre ce qui se passe autour d eux. C est là une
grande erreur .. Le jour où la présence de notre peuple prendra une dimension telle qu elle empiète de peu ou de beaucoup sur les position des autochtones, ce n est pas de bon gré qu ils nous cèderont la place"..
Al Khalidi se situe bien davantage dans la perspective des discussions qui divisent alors sionistes "palestiniens" et sionistes "territorialistes" ...
"Mon Dieu, la terre est assez vaste, il y a encore des pays inhabités où l on pourrait place les millions d Israélites pauvres, qui y deviendraient peut être heureux et un jour constitueraient une nation?
Ce serait la meilleure et la plus rationnelle solution de la question juive. Mais, au nom de Dieu, qu on laisse la Palestine tranquille ...
Désolée, un peu long, mais je pense qu on ne peut nier que le Sionisme fut combattu, bien sûr au début pacifiquement, mais combattu pratiquement à sa naissance