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DOPAGE - Lance Armstrong est passé aux aveux. Il pourrait maintenant aller plus loin.
"Le programme de dopage le plus sophistiqué de l'histoire du sport." C'est ainsi que l'agence antidopage américaine (Usada) avait présenté dans son rapport le système mis en place lors des années de domination de Lance Armstrong sur le Tour de France, entre 1999 et 2005. D'après plusieurs sources anonymes ayant eu connaissance du contenu de l'entretien enregistré avec Oprah Winfrey, lundi, Armstrong n'a pas nié l'évidence mis devant ses yeux et a reconnu s'être dopé durant sa carrière. Le doute subsiste en revanche sur les détails qu'il aurait donnés sur le fonctionnement de sa "petite entreprise".
Si un talk show n'est sans doute pas le lieu idéal pour entrer dans les détails d'une décennie de dopage, plusieurs médias américains indiquent mardi qu'Armstrong pourrait aller au-delà de son cas personnel pour "mouiller" d'anciens dirigeants d'équipes et des responsables d'autorités sportives. Petit tout d'horizon des personnes et institutions qui ont tout à craindre d'un (nouveau) grand déballage.
L'Union cycliste internationale (UCI).
Le dossier à charge de l'Usada contre Armstrong évoquait la mansuétude dont l'ancien coureur avait bénéficié de la part de l'UCI voire l'existence d'arrangements financiers, comme lors de ce contrôle positif sur le Tour de Suisse 2001. Ces doutes sur une "protection" au plus haut niveau, c'est Armstrong lui-même qui pourrait les lever selon le New York Times. La rédemption opérée lundi chez Oprah Winfrey et diffusée jeudi soir ne serait alors qu'une étape d'un plan beaucoup plus vaste, destiné à lever sa suspension à vie et élaboré après des discussions avec... Travis Tygart, le patron de l'Usada, celui-là même qui l'a fait tomber. "Il a rencontré des responsables de l'Usada, y compris Travis Tygart le mois dernier pour évoquer ce qu'il devait faire pour réduire sa suspension à vie", explique le quotidien new yorkais.
"Plusieurs personnes proches du dossier ont déclaré que Tygart serait prêt à réduire sa peine si Armstrong témoignait contre les gens qui l'ont aidé à se doper. Cela pourrait concerner Pat McQuaid, le président de l'UCI, et Hein Verbruggen (ici en photo en avril 2007), président de l'UCI entre 1991 et 2005, à une époque où le dopage dans le sport était répandu." Verbruggen est un proche du président du Comité olympique international (CIO), Jacques Rogge. Il est également président d'honneur de l'UCI et membre d'honneur du CIO. Autant dire que les mots d'Armstrong sur Verbruggen auront un certain poids.
Les dirigeants de l'US Postal.
Dans le rapport de l'Usada, Armstrong est clairement décrit comme le leader de son équipe, sur les routes mais également dans le système de dopage : organisation, pressions, intimidation, tout y serait passé. Visiblement, d'après les premiers échos de son interview à Oprah Winfrey, "LA" donne de lui l'image d'un coureur lambda au sein de l'US Postal, "déclarant qu'il a juste fait ce que ses coéquipiers ont fait". La majorité des équipiers d'Armstrong qui témoignent dans le rapport de l'Usada, et notamment Tyler Hamilton, qui a même écrit un livre sur le sujet, ne sont pas de cet avis. Mais la stratégie d'Armstrong consisterait surtout à accuser les propriétaires de l'équipe à l'époque, notamment le banquier et homme d'affaires Thom Weisel, d'avoir couvert (voire suscité) les pratiques dopantes. Cette stratégie est capitale dans la défense d'Armstrong car le coureur est actuellement menacé par un procès initié par Floyd Landis avec l'US Postal, la Poste américaine, qui avait investi dans l'équipe cycliste de l'argent public. Selon CBS et CNN, Armstrong serait d'ailleurs en pourparlers pour rembourser une partie des revenus engrangés.
Le NY Times ne cite que l'ancien propriétaire de l'équipe parmi les "cibles" potentielles d'Armstrong. Pourtant, le rapport de l'Usada détaille une organisation bien rodée au sein de l'US Postal, avec un préparateur (Michele Ferrari), un entraîneur (Jose Marti), un médecin (Luis del Moral puis Pedro Celaya), et surtout un manager (Johan Bruyneel) aux petits soins pour leur champion. Armstrong évoquera-t-il à terme le rôle exact joué par le manager belge, son ancien mentor, qui l'a accompagné durant son règne et lors de son retour dans les pelotons en 2009 ? Pour le moment, rien n'est moins sûr.
Ses anciens coéquipiers.
Ceux qui espéraient entendre Armstrong sur son ancien équipier Alberto Contador (chez Astana, en 2009) vont en être pour leurs frais. En effet, si Armstrong entend témoigner contre des "officiels" de l'US Postal, il ne devrait en revanche impliquer aucun ancien coéquipier, d'après le New York Times. Mieux, il chercherait à se réconcilier avec Floyd Landis (ou au moins trouver un arrangement avec lui) pour éviter le procès fédéral évoqué plus haut. Ce qui n'empêche pas Armstrong d'être menacé par d'autres sanctions judiciaires, comme parjure (il avait juré ne s'être jamais dopé dans la procédure l'opposant à la société SCA Productions en 2004) ou encore fraude fiscale dans le cadre de ses rapports étroits avec le docteur Michele Ferrari. Les aveux d'Armstrong n'ont pas pour seul but de recouvrer sa "liberté" sportive, il s'agit également d'éviter les ennuis, judiciaires et d'image, qui peuvent encore l'être... Et se faire passer, malgré tout, pour le plus grand champion de son époque, quand bien même ce fut celle du dopage."