Je ne sais pas vous, mais Annie Ernaux, je la connaissais à peine. Je l'ai vue une fois, à Cergy quand j'y vivais, pour une signature ou je ne sais quoi d'autre. J'avais vu qu'elle jouissait d'un grand respect auprès de ses lecteurs. Mais à travers leurs propos, je ne voyais pas bien ce qu'il y avait d'admirable.
J'ai eu la même impression en lisant ou entendant des commentateurs, fans de toujours, et des critiques avisés, auteurs de thèses sur son oeuvre etc. , lui tresser des couronnes de louanges tout à fait dans le ton, s'agissant de l'obtention d'un Prix Nobel de Littérature, mais d'où il ne ressort pas plus ce qu'il y a au juste d'important ou d'indispensable à y trouver. J'ai entendu par exemple sur France Inter une spécialiste priée de définir ce qui fait son style, dans l'écriture, bredouiller des choses incompréhensibles mais dont il résultait qu'elle n'avait rien à dire. Ceci assumé.
Mais on apprend qu'elle est une grande conscience féministe. Dans ses premières interviouves, elle souligne cette dimension.
D'où la question : le prix Nobel, pas un prix de grammairiens, ou d'amoureux de la littérature, mais de politiques ?
Pour les Nobel scientifiques, la question reste pertinente mais à un autre niveau. Ce n'est pas moins politique, et même en un sens ça l'est plus encore. Il y a des tas de gens qui cherchent des tas de choses dans tous les coins, la question est ce que l'on va privilégier. Si on regarde les derniers lauréats, la mécanique quantique marche bien en ce moment. Pour les chercheurs : un peu plus d'attention, peut-être plus de moyens, que l'Etat ou les particuliers mettront pour faire avancer le schmilblick pendant que peut-être d'autres recherches seront délaissées. C'est politique aussi, dans un sens plus noble, dans le sens quels sont les vrais problèmes, qu'est-ce qu'on veut faire pour les résoudre, qu'est-ce qu'on choisit et pour en arriver où ?