Moi je me demande si Soral et Dieudo ont aussi baisé la femme de Valls(acte œcuménique) pour que ce dernier soit ainsi tout rouge quand il s'exprime.
Sinon, la moralité passée ne présage en rien de la moralité future. Sinon, l'Eglise n'aurait pas fait d'Augustin un saint.
Pas en raison de sa moralité, hein.
Son importance (et sa canonisation) est un tout petit peu due à son intelligence, je crois.
Sur un plan comme sur l'autre, la comparaison entre Soral et Augustin me paraît un chouia acrobatique, n'est-il pas ?
Je comparais juste leurs passés de dépravés.
J'avais cru comprendre.
Mais tu devrais considérer à ton tour que ce rapport avec son propre passé a des guises diverses.
Augustin en a parlé dans des "Confessions", ce par quoi il a fait surgir deux éléments :
- la dimension du repentir, du rapport négatif à soi, fustigeant ses fautes passées comme des fautes, des péchés terribles, etc.
- un grand genre littéraire : la confession, précisément. Et qui connut un futur prestigieux. Cela a été copié par Rousseau et aujourd'hui par bien des adeptes de l'auto-fiction, de l'auto-biographie, des Mémoires, du roman "au je", etc.
(En disant que c'est de la littérature "grand genre", je n'en fais pas l'apologie, hein. Je ne prétendrais pas par exemple que ce fût le meilleur moment dans l'histoire de l'honnêteté intellectuelle. Les de Rousseau s'ouvrent sur un bobard énorme, d'ailleurs, même si c'est, comme d'habitude, merveilleusement dit "
"Je forme une entreprise qui n'eut jamais d'exemple et dont l'exécution n'aura point d'imitateur"
Alors qu'il a pompé jusqu'au titre d'Augustin (ça, il le savait) et qu'il a donné naissance à la moitié de la littérature mondiale (ça peut être moins), où la contemplation de nombril reste tout de même un trait essentiel.
Mais laissons Rousseau : le rapport à son propre passé fautif n'a d'intérêt qu'au regard d'un présent vertueux : Augustin raconte ses turpitudes. Mais pour les réprouver, il se confesse. C'est lui, je crois, qui dit, le premier, qu'il avait cru aimer les femmes, mais qu'il comprend maintenant qu'il aimait l'amour, que sa grande affaire, c'était l'amour de l'amour. (Dans le sens : aimer l'état d'être amoureux plus que l'objet auquel il se rapporte circonstantiellement, dont il peut se détacher pour se porter sur un autre, etc., ce qui est une remarque qu'elle est pas con : on croit qu'on aime telle chose ou telle personne, mais on aime aimer, en réalité).
Mais il y a du repentir, chez Soral ayant "baisé" la femme de Guyon ? Il dit qu'elle était une pute, à l'époque, mais sur lui, il dit quoi ? Un repentir ? Il n'y a plus que la vantardise. On voit bien comment il l'insulte, mais il a dit quoi sur lui ?
Et cela n'a rien à voir avec chrétien ou pas chrétien, hein, c'est pas qu'il ne se repent pas parce qu'il n'est pas religieux (il veut en même temps être "chrétien" et donner des leçons de christianisme au monde entier, ce pauvre taré) : au parti communiste aussi, il y avait une culture du repentir et de la faute avouée (c'est une structure, dégagée par Augustin, assez profonde et qui ne se ramène pas à des petits repérages et prises de position sommaire comme ce que fait Soral).
Il y avait l'auto-critique, qui était une pratique de la confession et de l'aveu. Staline avait fait des études au séminaire, Koestler et plus encore London ont glosé là-dessus, peu importe, mais il y avait une pratique de l'aveu, de la confession, de la reconnaissance par le pécheur lui-même de sa propre peccaminité.
Mais encore une fois, Soral se repent-il en disant qu'il a sauté la gonzesse de Guyon ? Attache-t-il à son passé de pornographe une quelconque nuance, une distance quelconque ?
Et plus généralement, a-t-il émis, sur le moindre sujet, le plus petit début d'une critique à l'égard de soi-même ?
Par exemple, il a été au Parti Communiste, maintenant il est ... où il est. Il pourrait dire (à l'instar de beaucoup d'esprits infiniment plus éminents que lui) : bon, ben je me suis gourré, le communisme, c'était une erreur, c'est une connerie, maintenant je suis fasciste et c'est mieux. (On pourrait être d'accord ou pas, mais au moins on comprend).
Mais chez Soral, c'est pas ça du tout : s'il a quitté le Parti communiste, c'est de la faute des communistes ! Et si maintenant il n'est plus au FN, c'est de la faute au FN.
C'est jamais lui.
Si bien que je redis que Soral n'est pas Augustin. Augustin ne dit pas que c'est de la faute des femmes s'il a été dépravé (ou de celle des Manichéens s'il a été manichéen, etc.), se blâme (et non pas se loue) de ce qu'il a baisé, et ne rejette pas toutes les fautes sur les autres.