Je suis assez européiste mais cela ne veut pas dire que l'UE actuelle me convient. On peut s'opposer aux technocrates européens tout en étant fédéralistes. On peut même les préférer à certains politiques nationaux, mais cela ne veut pas dire qu'on veut le statu quo.
Tout chose qui a un début a également une fin, le concept des nations a eu un début.
Ce qui me sidèrent le plus avec les européistes et a fortiori les fédéralistes ou les partisans d'une gouvernance centrale européenne, c'est leur négation des différences entre les peuples, leur inconscience vis à vis du fait que plus une société compte d'hommes moins le pouvoir de décision propre de chacun de ses hommes diminue et partant leur gout de l'uniformisation et enfin leur négation de l'opposition des masses à s'unir sous la même bannière, le même régime et, tôt ou tard, la même langue. Il y a une espèce de haine de la différence, de l'exotisme, de l’altérite qui me sidère.
Je ne veux pas que les peuples soient uniformes, je veux qu'on arrête de dépenser des milliards chacun de notre côté pour entretenir des armés ou qu'on se fasse marcher dessus par les autres puissances mondiales car on n'est pas fichu de s'entendre sur une diplomatie commune, il y aura toujours des désaccords, que se soit dans un village ou dans un continent, et se serait inquiétant l'inverse. Une Europe fédérale ne signifie pas la disparition de la France ou de l'Allemagne ou de tout autre Etat participant, cela signifie juste que leurs citoyens payeront moins d'impôts pour des choses totalement futiles et qu'ils ne crouleront plus sous la paperasse simplement pour aller d'un Etat à un autre.
Allemagne, France et les autres pays perdront leur souveraineté alors. Le problème est qu'une même politique sera menée pour des états différents et nombreux.
La seule solution pour que ça marche et que cela se fasse sur des décennies voir des siècles, pour que tous les pays convergent, si tant est que ce soit le cas (on a bien vu qu'instaurer une monnaie unique a accru les inégalités entre les pays, cf, Charles Gave).
Sur l'économie par exemple, on sera forcé de mettre en place des structures supra-nationales lourdes, au vu de l'étendue de la nouvelle entité, pour corriger les inégalités suscitées par une politique pour 28. Les plus riches payeront pour les plus pauvres. Beau principe de solidarité, mais encore faut-il que les peuples le veuillent (ou alors ce n'est pas démocratique), ce qui n'est pas garanti puisqu'ils ne forment pas de nation. Les grecs et les allemands ne peuvent plus se blairer depuis la crise des dettes souveraines et de l'euro. Belle victoire de la paix et l'amitié entre les peuples... :
Rien ne dit et ne prouve qu'un système fédéral européen serait moins cher à gérer que des systèmes nationaux. Au contraire vu le monstre technocratique que ce serait (n'oublions pas la barrière des langues qu'il est quasi impossible de dépasser à 28 alors même que la langue en administration et même en droit c'est crucial).
Comment les libéraux peuvent oublier tout ça, alors qu'ils ont tant décrié l'URSS et sa technocratie ?
Une nation=une volonté d'un peuple de vivre ensemble et bien souvent c'est aussi une langue, un mode de pensée et une culture. La volonté de vivre ensemble engendre l'administration, l'Etat, l'organisation politique, la défense, la justice...
Uniformiser tout ça à 28 (car c'est bien de ça qu'il s'agit avec le fédéralisme, ne serait-ce que pour l'Etat régalien et ses grandes prérogatives qui seraient transférées à l'échelon supérieur) = technocratique.