Worsley
Je vais vous expliquer quelque chose que vous n'accepterez pas : l'art est mort, retour à l'ornement et à l'artisanat.
La Renaissance avait inventé l'art en tant que sacralisation de l'artisanat. C'était une époque où l'art était une chose très coûteuse et rare, où l'on redécouvrait de superbes pièces antiques comme le groupe du Laocoon, et où l'art a été exploité par une classe civile montante et une église contestée pour se légitimer, et par des monarques comme François Ier pour asseoir leur gloire. En sacralisant l'art ils se sacralisaient eux-mêmes.
Sauf que voilà : les techniques modernes ont banalisé l'art et la beauté. Dès lors il fallu se distinguer de celle-ci, d'abord en jouant sur la représentation et les sujets de représentation, puis, lorsque ce fut épuisé, en vénérant la laideur et le grotesque. Et l'art s'est finalement enfermé dans une production de mèmes, de foin médiatique et d'expériences divertissantes dont la valeur financière est aussi démesurée que leur valeur humaine est pauvre.
Sauf que voilà : vous défendrez coûte que coûte l'art contemporain car ainsi vous vous valorisez socialement. De la même façon que vous défendrez bec et ongles la domination des élites libérales dont vous ne faites pas partie et qui sapent votre propre avenir. Sauf que le roi est nu et qu'une part croissante de notre population éduquée se rend compte de ces supercheries que sont l'art et les élites républicaines.