"Le néolibéralisme vise à détruire l'Etat sociale, la main gauche de l'Etat (dont il est facile de montrer qu'il est le garant des intérêts des dominés, démunis culturellement et économiquement, femmes, ethnies stigmatisées, etc.) Le cas le plus exemplaire est celui de la santé que la politique néo-libérale attaque par les deux bouts, en contribuant à l'accroissement du nombre des maladies (à travers la corrélation entre la misère, causes structurales - et la maladie : alcoolisme, drogue, délinquance, accident du travail, etc.) et en réduisant les ressources médicales, les moyens de soigner (c'est l'exemple de la Russie, où l'espérance de vie a baissé de 10 ans en 10 ans ! - de l'Angleterre)."
Pierre Bourdieu - 1930-2002 - Contre-feux 2, 2001
"Contrairement à l'idée répandue que la politique de "mondialisation" tend à favoriser leur dépérissement, les Etats continuent en fait à jouer un rôle déterminant au service de la politique qui les affaiblit. Il est remarquable que les politiques visant à déposséder les Etats au profit des marchés financiers ont été édictés par des Etats, et, qui plus est, des Etats gouvernés par des socialistes. Ce qui signifie que les Etats, et tout spécialement ceux qui sont gouvernés par des sociaux-démocrates, contribuent au triomphe du néo-libéralisme, non seulement en travaillant à la destruction de l'Etat social (c'est-à-dire notamment des droits de travailleurs et des femmes, mais aussi en cachant les pouvoirs qu'ils relaient."
Pierre Bourdieu - 1930-2002 - Contre-feux 2, 2001