Déjà, d'après Sigaux ce n'est pas le parlement de Paris qui aurait du instruire et juger cette affaire. Il y avait une juridiction compétente à Versailles pour le faire.
C'est le parlement parisien qui a insisté pour s'en charger. La question est pourquoi, et pourquoi Louis XV a t il accepté ?
Louis XV était en défaveur publique quand cet attentat eu lieu, et ses ennemis craignirent aussitôt d'avoir armé par leurs critiques le bras de Damiens. La conférencière ayant bien démontré comment ce Parlement contestait l'autorité royale et que Damiens y travaillait. Il me paraît naturel que le Parlement ait tenté de faire oublier son opposition en punissant avec zèle le sacrilège.
Il eut été surtout plus logique que la juridiction de Versailles prit en charge cette affaire, si précisément cela pouvait mettre en cause les parlements et le parti janséniste. Ca ne répond donc pas à la question.
L'attentat taira quelque temps les critiques anti-royales. Tous ceux à qui le crime eût pu profiter se confondirent en condoléances. Et de toute manière, l'époque se contrefichait des amantes du roi, les Français lui reprochant uniquement d'avoir renoncé à quelques annexions dans les Flandres en 1748.
Il est faux de dire que les moeurs du roi ne choquait personne. Ces différentes renonciations territoriales sont bien évidemment aussi à prendre en compte.
Toujours d'après Bertière, l'enquête dédouannait finalement les jésuites et dénonçait plutôt le climat contestataire (ultra-religieux) ambiant, en particulier les critiques provenant des parlementaires de Paris... Elle écrit :
"Mais en 1757, ce qu'on découvrit derrière Damiens, ce n'étaient pas les jésuites, c'étaient les fanatiques du parti janséniste.
Le zèle du Parlement se trouva fort refroidi quand il s'aperçut que l'enquête risquait d'aboutir dans ses propres rangs. Il se hâta de conclure, mettant dans le respect des formes tout le soin qu'il renonçait à apporter au fond, et il condamna Damiens à l'horrible supplice des régicides - main droite brûlée, membres tenaillés Louis XV, miséricordieux, envisageait de lui faire grâce : après tout, il n'avait été que très légèrement atteint. Mais le Parlement n'aurait pas consenti à lâcher sa proie. Et une grâce eût été interprétée de la part du roi comme une faiblesse - une de plus."
Et se pose donc toujours la question de la raison pour laquelle le roi a laissé l'affaire au parlement de Paris.
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La conférencière commet trois erreurs :
1. Elle ruine son introduction par une interminable critique de Voltaire dont tout le monde se fiche dans le cadre de sa thèse. S'il raconte des âneries, elle n'a qu'à l'ignorer.
Je le répète, il s'agit d'une conférence dans un restaurant. Pas dans un cercle universitaire. La part de Voltaire dans l'image qui a été donné de l'affaire Damiens est très importante. Et nombreux sont ceux qui lisent ce siècle à travers ses écrits. Il est donc tout à faire acceptable qu'elle détricote cette vision donnée de l'affaire.
2. Elle tente de lier ("intuite" oblige) cet attentat et sa répression à des affaires de moeurs alors qu'ils n'ont pour tout ce qu'en surent et témoignèrent les contemporains rien à voir entre eux. Elle devrait ainsi faire l'économie de son accroche, l'affaire de Damiens.
Je ne sais pas en quoi le verbe intuiter vous titille à ce point. http://fr.wiktionary.org/wiki/intuiter
Au passage, même dans les mathématiques, science dure s'il en est, l'intuition est essentielle.
3. Et les affaires de moeurs dans tout ça ? Elle prétend qu'il s'agit de son premier propos. Mais qu'a-t-elle à envoyer au roi sinon des expressions telles que ? Qui, combien, quel âge ? Elle ne peut préciser car elle n'oppose que sa moraline de femme de fin du XXe siècle. A l'instar, d'ailleurs, des bigots catholiques de l'époque (qui tenaient par ailleurs la reine et le dauphin) contre Louis XV et son émancipation de leur triste et ennuyeuse (mais patriote, j'en conviens) influence. Or la morale interdit l'Histoire.
Excusez moi, mais vous vous contredisez en deux phrases quand vous affirmez que sa morale est en somme la même que ceux des bigots catholiques de l'époque. Visiblement sa morale est donc aussi une morale du XVIIIème siècle.
Je comprends absolument qu'elle soit éconduite de toute conférence historienne sérieuse. Si elle veut y prétendre, elle doit se concentrer sur la pédophile à l'époque (le sexe avant 12 ans, donc) et oublier ses faux scandales tapageurs de presse vulgaire, oublier ses deux faire-valoir Voltaire et Louis XV. Ca videra son maigre public mais pourra lui attirer l'attention et peut-être la considération des historiens professionnels et amateurs.
Sur quoi vous basez vous pour affirmer que seul le sexe avant 12 ans est réprouvé par la morale de l'époque ? Surtout quand il se pratique hors des liens du mariage et du consentement des parents.
Que je sache, Louis XIV qui n'était pas avare de maîtresses, mais visiblement mois jeunes, et à une époque à la morale moins élastique, n'a pas eu à subir la même réprobation morale qu'un Louis XV vivant dans un XVIIIème Siècle autrement plus permissif. On peut légitimement se demander pourquoi.