Les faits sont connus. Tous les médias les répètent à l'envi avec des détails : il faut raboter les salaires des patrons que l'on accuse de toutes les vilenies. Le pouvoir à cette occasion montre sa haine envers les patrons et caresse le public en lui laissant croire que cet argent économisé reviendrait dans la poche des moins nantis et au besoin des pauvres.
Un jour, nous lisons que le gouvernement veut un plafond unique pour le salaire des entreprises publiques, comme si une entreprise pouvait ressembler à une autre. Il est précisé qu'il s'agit des entreprises où l’État est majoritaire et que le plafond sera de 450 000 euros. Seuls, les mandataires sociaux seront touchés. Ils pourront donc être moins payés parfois que les membres de leur comité de direction. Comme pour toute mesure à caractère dirigiste, de bons avocats inventeront des montages pour échapper au couperet.
Dans cette ambiance délétère, de nombreuses voix s'élèvent pour montrer les dangers de la mesure. Jean-Michel Beigbeder, grand chasseur de têtes, écrit : « non aux patrons low-cost ». Maurice Levy, patron de Publicis, dénonce la vindicte contre les chefs d'entreprise. Il est président de l'AFEP qui représente les grands groupes et démissionne après une polémique sur sa rémunération.
Nous affirmons, de notre côté, que les pouvoirs publics n'ont pas à s'occuper des salaires des patrons en légiférant à leur sujet et qu'il ne faut pas diminuer les salaires.
Les conséquences
Les conséquences d'une telle action seraient considérables et négatives.
Il y aurait inévitablement un décalage des salaires vers le bas. Certes, le salaire n'est pas la seule motivation pour le travail quel que soit son niveau et d'autres facteurs entrent en compte. C'est toutefois un élément déterminant. Il y aurait donc une dégradation de l'appétit au travail, lequel est un ingrédient essentiel de la richesse générale.
Le rabotage des gros salaires auraient des conséquences néfastes en soi. Les moyens et gros, voire très gros salaires, donnent à leurs heureux bénéficiaires des possibilités diverses qui toutes contribuent à la richesse de la nation : dépenses luxueuses, investissements divers, création de nouvelles entreprises avec parfois une forte prise de risque, coup d'épaule salvateur à des associations privées ou à des personnes méritantes.
Nous avons montré récemment comment la croissance est nécessaire pour résoudre une foule de problèmes comme, entre autres, le chômage. Le pouvoir la voulant aussi et légitimement, la tue dans les faits par un tsunami fiscal de plus de sept milliards ; or tous les éléments existent pour que le pays, s'il n'était pas bridé par l'action étatique, connaisse au plus vite une croissance fulgurante.
Le blocage des salaires s'ajouterait à la fiscalité pour la tuer.
Pour comprendre
Comment comprendre cette chasse en meute ?
À la base, dans les esprits, il y a la haine des riches. C'est assez ubuesque car les titulaires du pouvoir sont fort riches par leurs diverses fonctions et fréquentent des personnes fort riches. Se détestent-ils eux-mêmes au risque d'avoir des problèmes psy ?
Il y a aussi la haine des entreprises. Cette haine est tellement visible que la presse a salué tout récemment par de gros titres, un mot aimable du président en faveur des entreprises. Il est connu que les hommes au pouvoir ont été formatés dans leur jeunesse par l'éducation nationale et ensuite par certaines écoles où ils n'ont pas appris grand chose d'intéressant et d’utile sur les entreprises.
La haine contre les entreprises se concentre évidemment sur les patrons. Les chiffres sur la richesse des stars du CAC 40 servent, à point nommé, pour critiquer l'ensemble du patronat. Les salaires se complètent par des bonus, parachutes dorés, stock-options, primes de départ, retraites-chapeaux, qui sont des contrats extrêmement compliqués et parfois incertains dans leurs effets. L'immense majorité des patrons n'est pas concernée par ces mécanismes : pourtant ce sont bien eux qui font tourner la machine et créent la richesse dont tout le monde profite.
Les inégalités jugées nocives sont appelées à la rescousse : leur prétendue nocivité est pur mensonge. Elles sont, contrairement à la propagande, génératrices de richesse par une nécessité évidente.
La crise est aussi évoquée avec la ritournelle habituelle : chacun devrait prendre sa part du fardeau. Deux faits sont masqués. D'abord la crise est due essentiellement à l'action destructrice des États, notamment en Europe. Ensuite, si les riches privés sont invités à prendre une part du fardeau, il n'est pas question que les politiques abandonnent quoi que ce soit de leur richesse insolente, sauf par quelques mesurettes ridicules.
Le combat contre le capitalisme et les capitalistes est aussi en bonne place dans le tableau. François Hollande en a fait un cheval de bataille marquant. Il a fustigé publiquement la « planète financière » en projetant de punir fortement les riches pour leur enlever de leur richesse dans une idée de redistribution.
Ces gens connaissent si mal le capitalisme qu'ils n'hésitent pas à parler de le « moraliser » ce qui est surprenant pour des personnages ne se signalant pas toujours par un excès de moralité. Le capital est indissolublement lié au travail. Pas de travail possible et continu sans capital et pas de capital fructueux sans force de travail.
In fine, remarquons que le pouvoir ne pourrait arriver à ses fins qu'avec une galaxie d'usines à gaz et des contentieux. Aura-t-il le courage de mettre son idéologie mensongère dans sa poche pour agir dans le sens du bien commun ? C'est là tout le problème.
http://www.contrepoints.org/2012/08/01/92283-les-salaires-des-patrons