Correspondance entre Hitler et Gandhi.
Cher Ami,
* Si je vous appelle ami, ce n’est pas du formalisme. Je n’ai pas d’ennemis. Depuis 33 ans l’œuvre de ma vie a été de m’assurer l’amitié de toute l’humanité, sans distinction de race, de couleur ou de croyance.
* J’espère que vous aurez le temps et le désir de savoir comment une part importante de l’humanité qui vit sous l’influence de cette doctrine d’amitié universelle considère vos actions. Nous ne doutons pas de votre courage et de votre amour pour votre patrie et nous ne croyons pas que vous soyez le monstre décrit par vos adversaires. Mais vos écrits et vos déclarations, ainsi que ceux de vos amis et de vos admirateurs, ne permettent pas de douter qu’un grand nombre de vos actes ne soient monstrueux et attentatoires à la dignité humaine, surtout au jugement de ceux qui, comme moi, croient à l’amitié universelle. Il en est ainsi de votre humiliation de la Tchécoslovaquie, du viol de la Pologne et de l’absorption du Danemark. Je suis conscient que, selon votre conception de la vie, ces spoliations sont des actes louables. Mais nous avons appris depuis notre enfance à les considérer comme des actes humiliants pour l’humanité. Aussi ne pouvons-nous pas souhaiter le succès de vos armes.
* Mais notre position est unique. Nous résistons à l’impérialisme britannique tout autant qu’au nazisme. S’il y a une différence, c’est une différence de degré. Un cinquième de la race humaine a été mis sous la botte britannique par des méthodes qui ne supportent pas l’examen.
* Notre résistance à cette oppression ne signifie pas que nous voulons du mal au peuple britannique. Nous cherchons à le convertir, non à le battre sur le champ de bataille. Notre révolte contre la domination britannique est désarmée. Mais que nous convertissions ou non les Britanniques, nous sommes résolus à rendre leur domination impossible par la non-coopération non-violente. C’est une méthode invincible par sa nature même. Elle est basée sur le fait qu’aucun spoliateur ne peut atteindre son but sans un minimum de coopération, volontaire ou forcée, de la part de sa victime.
* Nos maîtres peuvent avoir nos terres et nos corps, mais pas nos âmes. Ils ne peuvent avoir ces dernières qu’en exterminant tous les Indiens, hommes, femmes et enfants. Il est vrai que tous ne peuvent s’élever à ce degré d’héroïsme et que la force peut briser la révolte, mais ce n’est pas la question. Car si l’on peut trouver en Inde un nombre convenable d’hommes et de femmes prêts, sans aucune rancune contre les spoliateurs, à sacrifier leurs vies plutôt que de fléchir le genou devant eux, ils auront montré le chemin de la libération de la tyrannie violente. Je vous prie de me croire quand j’affirme que vous trouverez un nombre inattendu de tels hommes et femmes en Inde. Ils ont reçu cette formation depuis 20 ans.
* Comme je l’ai dit, dans la technique non-violente la défaite n’existe pas. C’est «agir ou mourir» sans tuer ni blesser. Elle peut être utilisée pratiquement sans argent et de toute évidence sans l’aide de la science de la destruction que vous avez poussée à une telle perfection. Je suis étonné que vous ne voyiez pas qu’elle n’est l’exclusivité de personne. Si ce n’est pas les Britanniques, quelque autre puissance pourra améliorer votre méthode et vous battre avec vos propres armes. Vous ne laissez pas à votre peuple un héritage dont il aura lieu d’être fier. Il ne pourra s’enorgueillir du récit d’actes cruels, même adroitement préparés. Je vous demande donc au nom de l’humanité de cesser la guerre (...).
* Pendant cette saison où les cœurs des peuples d’Europe implorent la paix, nous avons suspendu même notre propre lutte pacifique. Ce n’est pas trop vous demander que de faire un effort pour la paix à un moment qui ne signifie peut-être rien pour vous, mais qui doit signifier beaucoup pour les millions d’Européens dont j’entends la clameur muette pour la paix, car mes oreilles sont habituées à entendre les masses silencieuses. J’avais l’intention d’adresser un appel conjoint à vous-même et au Signor Mussolini que j’ai eu l’honneur de rencontrer à l’époque de mon voyage en Angleterre comme délégué à la conférence de la table ronde. J’espère qu’il voudra considérer ceci comme lui étant également adressé, avec les changements indispensables.