En juin 1940 nous n'avions qu'un seul bombardier moderne opérationnel. Oui, 1 (UN).
Je pensais plus à la chasse. Nous avions parmi les meilleurs chasseurs de l'époque (le Dewoitine notamment) alors que le redoutable bf 109 allemand était en phase de rodage.
A savoir que les combats aériens avaient commencés eux dès Septembre 39.
Mais cette aviation a été très mal utilisée: en petits groupe, dans des combats contre la chasse ennemie. Elle aurait pu faire des ravages parmi les stukas allemand lors de l'offensive du printemps 40, et ainsi épargner nos blindés, qui étaient supérieurs aux panzers de l'époque, mais qui se sont fait hacher par l'aviation allemande (j'ai en mémoire des images où les bombes font littéralement voler des chars de plusieurs dizaines de tonnes).
C'est la manière de faire la guerre qui compte dans une guerre de ce type. Le combattant isolé, même très combattif, n'est rien. Mourir en première ligne ne sert à rien (peut-on dire tout court que ça sert à quelque chose....), si la stratégie d'ensemble est mauvaise, voire inexistante. Ca a été le problème de l'Allemagne à la fin de la guerre, quand Hitler s'est enfermé dans son délire wagnerien en refusant systématiquement le moindre repli, même stratégique: les soldats allemands se faisaient tuer sur place.... pour rien, puisque la seule stratégie était de ne pas se replier. La stupidité stratégique d'Hitler a été hallucinante dans les dernières années de la guerre (et tant mieux vous me direz!). Il a fait exactement les mêmes erreurs que la France en 40: mauvaise utilisation du matériel (les premiers avions à réaction utilisés pour l'attaque au sol alors qu'ils auraient fait un carnage sur les bombardiers qui pillonaient l'Allemagne), stratégie défensive immobile (ou se voulant immobile), manque d'initiative...Etc. En 40, il s'en remettait à des officiers compétents.
La responsabilité en incombe donc aux dirigeants, politiques et militaire (déjà que ces pauvres bougres de soldats risquaient leur peau, on va pas en plus leur coller sur le dos l'incompétence de leurs supérieurs!). En 40, les états majors anglais et français sont à côté de la plaque, tout comme les politiques qui avaient décidé de l'installation de la ligne Maginot. En 14, les état majors étaient également à côté de la plaque, l'avantage, c'est qu'en face, il l'étaient aussi. Mais ça a bien faillis tourner comme ça a tourné en 40!
Ensuite, nous sommes sacrément gonflés, nous qui n'avons jamais connu une guerre d'une telle ampleur (pour la plupart, nous n'avons jamais connu de guerres, ou alors de très loin, et c'est un progrès inestimable!), de critiquer ces hommes dont les pères, les frères, voire eux-mêmes, avaient connu les horreurs de 14/18 seulement 20 ans auparavant. Nous n'imaginons pas, personne aujourd'hui ne le peut sauf les rares survivants de cette époque, la monstruosité de ce qu'a pu être Verdun ou le Chemin des Dames, lorsqu'une génération entière fut broyée sur l'autel de la pensée industrielle pour savoir qui du Kaiser ou du président du conseil avait la plus grosse moustache.........
Le soucis en 40, c'est que la situation n'est plus la même. Ce n'est pas seulement une guerre de rivalité portée par le nationalisme ambiant (et encore, selon tous les poilus qui ont témoigné ou presque, le sentiment patriotique était vite remplacé par une volonté de survivre après quelques jours de tranchée), c'est une guerre idéologique.