Au Moyen Age, les paysans représentent environ 90% de la population.
L'outillage est médiocre, et les techniques agricoles rudimentaires. 80% environ de leur production passe dans les impôts dûs surtout à l'église, au seigneur, puis au roi à partir du XIIIème siècle. Autant dire qu'il ne reste plus grand chose pour nourrir la famille...
Et entre un petit métayer, serf (bien que serf n'indique en rien la richesse d'un individu, on avait des chevaliers serfs, notamment en Aquitaine et en Allemagne, tout comme on avait des nobles très pauvres), vivant dans une région pauvre, et un gros laboureur, tenancier, voire propriétaire (extrêmement rare mais possible), parfois noble même! (on a des chevaliers paysans jusqu'au XIIème siècles, qui sont cependant à la limite entre nobles et non nobles), on aura une énorme différence sur la table!
Dès le Moyen Age, le pays connait ce qu'on a appelé la "tyrannie des blés": une omniprésence de la monoculture céréalière dans l'ensemble du royaume, même dans les régions peu adaptées. Le pain est l'aliment de base et incontournable, et du coup, les paysans sont très vulnérables à de mauvaises récoltes.
Pour un paysan moyen (un petit tenancier ou un gros métayer mettons), le repas moyen, c'est la soupe et le pain: pain de blé noir ou de sarrazins, pouvant prendre la forme de galettes ou de crêpes, souvent consommé racis, trempé dans la soupe. La soupe est composé de fèves, de légumes issus du potager (choux, raves), et parfois d'un peu de "gras" (une tranche de lard, un morceau de beurre). Elle mijote en permanence au dessus du foyer, et on y rajoute des éléments régulièrement. La viande est extrêmement rare, consommée toujours bouillie (très rarement rôtie). La seule exception ce sont les jours de fête: là, on tue le cochon ou le boeuf amoureusement élevé pendant de longs mois. A la fin de l'été, la nourriture est abondante, mais au printemps, c'est la soudure, alors que les travaux des champs recommencent, il faut souvent se serrer la ceinture. Si la récolte l'année d'avant a été mauvaise, c'est la disette, si elle l'est à nouveau l'année qui vient, la famine guette.
Les plantes cultivées au jardin le sont surtout pour des raisons médicinales (les paysans avaient une connaissance des propriétés des plantes qui était très vaste), mais peuvent assaisonner des plats, là encore, surtout les jours de fête.
La peur de la disette pousse à l'économie aussi: il faut garder, conserver, un maximum de choses.
Les bêtes, une grande partie de la récolte, mais aussi les oeufs, le miel ou autres servent surtout à payer l'impôt (en nature bien sûr, l'usage de la monnaie n'est répandue que parmi les bourgeois et les marchands). Ce qu'il reste, on le garde pour les grandes occasions.
Dans certaines régions, d'autres sources de nourriture peuvent compléter quelque peu ce tableau: châtaignes, fromages (en montagne), olives.... (je me suis toujours demandé si on consommait ou pas des champignons au Moyen Age, mais je ne me rappelle pas avoir lu quelque chose à ce sujet).
Niveau boisson, l'eau est dangereuse! Elle apporte des maladies terribles et souvent fatales. Parfois, un puit est plus sécurisant, mais on a toujours peur que l'eau soit gâtée. Par conséquent, partout, on fabrique du vin (coupé à l'eau) et on brasse de la bière.
En temps normal, le paysan a de quoi se nourrir lui et sa famille, bien qu'il s'agisse d'une alimentation déséquilibrée, qui, associée aux travaux agricoles parfois très dur dès l'enfance et jusqu'à la mort ou l'indigence, n'arrange rien à l'état de santé des paysans (pas si terrible qu'on ne l'imagine cependant, les paysans étaient alors très soigneux d'eux-même et du peu qu'ils possédaient, et jusqu'à la période moderne, on avait des bains publics ou non, et le savon existait, à base de graisse animale).
En revanche, que survienne une guerre, une épidémie ou autre calamité, et la catastrophe n'est pas loin....
Pour l'aristocratie et les bourgeois les plus riches, c'est tout autre chose.... La nourriture peut être très abondante pour les plus riches (car parmi la noblesse aussi, il y a beaucoup de réalités différentes). La viande est beaucoup plus présente, qu'elle soit issue de l'élevage ou de la chasse (activité réservée à la noblesse, et parfois sévèrement punie lorsque pratiquée sans l'accord du seigneur), les plats complexes, raffinés et souvent lourds selon nos critères. Servir des plats exotiques (épices, fruits...autres) est un signe ostentatoire de richesse et de puissance.
Pour l'ecclesiastique, encore une fois, tout dépend de son statut (un évêque mange comme un noble riche et puissant, un curé comme un paysan), et/ou de la règle qui régit sa communauté (les bénédictins étaient connus pour aimer les bonnes choses, alors que les cisterciens étaient beaucoup plus raides...).
Voilà pour un petit topo, à nouveau issus de ce que j'ai appris lors de mes études et de mes lectures. Un conseil: oubliez les fêtes à neuneus dite "médiévales" (bon, je suis méprisant, ça peut être sympa quand on y va en connaissance de cause): il n'y a rien d'historique, la plupart du temps, là dedans.......... et en particulier dans les inévitables "banquets" également soi disant médiévaux, où on n'hésite pas à servir des aliments qui n'existaient même pas au Moyen Age....