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Les illuminés sont ceux qui restent partisans d'une secte qui ne s'est illustrée que par ses violences même s'ils font semblant de l'avoir quitté.
Mes sources sont connues Anne-Marie Delcambre, Sami Al Deeb, Marie Thérèse Urvoy, Rémi Brague...etc
La maison de la Sagesse de Bagdad. Mythes et réalités
Il me faut mentionner ici un second exemple, tant il est répandu. C’est celui de la « maison de la sagesse » (bayt al-hikma) de Bagdad. La légende y voit une sorte de C.N.R.S., un centre de recherche généreusement subventionné par les Califes amoureux du savoir, et où des traducteurs auraient été payés pour faire passer à l’arabe les trésors de la science et de la philosophie grecques.
La légende ne se nourrit que de soi ; rien de tout cela ne résiste à l’examen critique. La maison de la sagesse abritait bien une bibliothèque. Mais l’activité de tous les traducteurs que nous connaissons était commanditée par des clients privés, nullement par l’appareil d’État. Enfin, plus on remonte en arrière dans le temps, moins les chroniqueurs mettent en rapport l’activité de traduction avec cette fameuse maison.
Il semble que l’institution en question n’avait rien à voir avec les traductions, ni même en général avec le savoir profane, d’origine grecque. Elle semble avoir été avant tout à usage interne, plus précisément une sorte d’officine de propagande en faveur de la doctrine politique et religieuse que soutenaient les Califes de l’époque, à savoir le mu‘tazilisme, lui aussi objet de bien des légendes.
les Mu‘tazilites étaient bien partisans de la liberté morale de l’homme comme indispensable pour penser la justice de Dieu qui ne peut récompenser et punir que des gens responsables de leurs actes. Mais n’oublions pas que, dans la pratique, ils ont lancé le pouvoir califal contre leurs adversaires en une campagne que bien des historiens nomment, au prix d’un anachronisme, « inquisition ».
Rémi Brague
L’Andalousie musulmane: Mythes et réalités
Toute cette légende se replace dans le cadre d’un rêve rétrospectif, celui d’une société multiculturelle où aurait régné la tolérance. En particulier, l’Espagne sous domination musulmane (al-Andalus) aurait été la préfiguration de notre rêve d’avenir d’une société bigarrée de peuples et de croyances vivant en bonne intelligence.
Le niveau culturel y aurait été fantastiquement élevé.
Cela aurait duré jusqu’à la Reconquête chrétienne, laquelle aurait inauguré le règne du fanatisme, de l’obscurantisme, etc.
Les lieux où coexistaient effectivement plusieurs ethnies et religions ont tous disparu. Certains, comme Alexandrie ou la Bosnie, l’ont fait assez récemment pour que le souvenir de ces échecs, sanglant dans le dernier cas, ne se soit pas encore effacé. Et ne parlons pas de l’Irak…
L’Espagne musulmane, elle, est assez éloignée dans le temps pour que l’on puisse encore en idéaliser la mémoire. De plus, l’Espagne est, depuis le xvie siècle, le lieu idéal des légendes et des clichés. Cela a commencé par la « légende noire » sur la conquête du Nouveau Monde. Répandue par les plumitifs stipendiés par les rivaux commerciaux des espagnols et des portugais, dont la France, elle permettait à ceux-ci de légitimer leur piraterie d’État (dite « guerre de course »).
N’insistons pas sur les poncifs « orientalistes » de Gautier et de Mérimée. Donc, pourquoi ne pas ajouter aux castagnettes et aux mantilles un al-Andalus rose ?
Pour le dire en passant, il serait fort instructif de reconstituer les origines de ce mythe andalou, depuis l’américain Washington Irving en passant par Nietzsche.
Un arabisant espagnol, Serafín Fanjul, s’est donné pour tâche de détruire cette légende et de montrer que les régions d’Espagne sous domination musulmane n’étaient ni plus ni moins agréables pour les communautés minoritaires que les régions chrétiennes.
Des deux côtés, on constate discriminations et persécutions, le tout sur l’arrière-plan d’expéditions de pillage et de rapt. Plutôt que d’une coexistence (convivencia) harmonieuse, il s’agissait d’un système voisin de l’apartheid sud-africain. Là aussi, rien qui soit nouveau pour les historiens qui ont de cette époque une connaissance de première main. Mais qui les lit ?
Rémi Brague
Grands noms de la pensée islamique, des historiens, des scientifiques et des explorateurs généralement mis en avant en occident
(Avicenne_Averroés_Al Biruni_Al Farabi_Al-Razi_Djalâl ad-Dîn Rûmî_Al-Ghazâlî_Ibn Khaldum_Al Kindi_Sohrawardi_Ibn Khallikan_Abou Ma'shar_Maimonide(Juif)_al-Balkhî_Masha'allah ibn Atharî(juif persan)_Al-Khawarizmi_Abū ʿAlī al-Ḥasan_Abû Muhammad Alî_Ibn Badjdja dit Avempace_Avenzoaribn Hazm_az-Zahiri al-Andalussi-ibn al-Ḥasan_ibn al-Haytham_Ibn Sahl_Mansur al-Hallaj_Ibn Battûta
Les courants islamiques:
Ash'arisme, Maturidisme, Ahmadisme (dont le slogan est « l'amour pour tous, la haine pour personne »), Mutazilisme, Soufisme, sont des courants (très) minoritaires, mal expliqués, parfois disparus, persécutés, massacrés, leurs adeptes en situation d'exil face à l'islam orthodoxe, et d'orthopraxie.
Ces mystiques, ésotériques, "élitistes" sont aujourd'hui présentés en Occident comme étant la vraie nature/vraie face de l'islam.
L'islam traditionnel, largement majoritaire est sunnite et chiite (autrefois bien plus modestement kharidjisme), ces courants ayant eux mêmes une profusion de courants.
Aujourd'hui le soufisme qui s'attire les faveurs du monde Occidental, ainsi qu'une véritable passion de certains intellectuels pour la grande thèse des Mutazilites dont la période s’étale sur les six premiers siècles de l'Islam, et sera finalement vaincue sur le plan théologique par le courant sunnite
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"Le terme « soufi» désigne donc bien, avant toute chose, un adepte de l'islam, auquel on accole simplement l'attribut de soufi.
Si bien qu'en Europe le soufisme sert souvent de cheval de Troie à l'islamisme.
En effet, presque toutes les conversions à l'islam se font par la voie du soufisme, car l'islam n'apparaît à première vue que comme un cadre général et lointain et ne manifeste sa prégnance qu'à la longue.
En outre, le soufisme est présenté comme un islam doux, spirituel et tolérant, alors que la langue et les arguments qu'il emploie sont exactement les mêmes que ceux des islamistes.
Il ne faut pas oublier que - comme l'a montré Éric Geoffroy en personne -l'achèvement de l'islamisation de l'Égypte, par exemple, fut accompli sous l'égide des milieux soufis, de la fin du VIIe/XIIIe siècle au début du Xe/XVIe siècle, au moyen de campagnes violentes contre les élites chrétiennes, et de créations de madrasas jusque dans les campagnes les plus reculées.
Contrairement à une opinion couramment répandue aujourd'hui, le soufisme, tel qu'il a toujours été pratiqué, s'accorde parfaitement avec les préceptes coraniques qui prescrivent à la communauté musulmane de soumettre et d'inférioriser les non-musulmans".
Marie Thérèse Urvoy