Vatican. Des secrets dévoilés et le majordome du pape arrêté
Des dizaines de documents secrets du Vatican sur la place publique, une "taupe" potentielle interpellée, le banquier du pape limogé : une semaine difficile s'achève pour le Saint-Siège. Dernier épisode en date : ce vendredi, la gendarmerie vaticane a arrêté un des auteurs présumés des fuites de documents confidentiels en la personne de Paolo Gabriele, majordome du pape au-dessus de tout soupçon.
Ces documents illustrent de nombreux débats internes, par exemple sur les relations avec les autorités italiennes (pressions vaticanes sur les sujets de société, questions fiscales, finances des instituts catholiques), les scandales sexuels chez les Légionnaires du Christ ou encore les négociations avec les intégristes. La sortie du livre a donné lieu à une réaction furibonde du Vatican qui a menacé de poursuites. Ce comportement est surprenant car dans les documents publiés, point de surprises majeures. Ils révèlent des tensions entre cardinaux mais ne sont, en général, pas scandaleux. Une commission d'enquête du Vatican est au travail sur d'autres fuites intervenues en janvier.
Le banquier du Pape limogé
Le Conseil d'administration de l'Institut pour les oeuvres de religion (IOR) a émis, ce jeudi, un vote de défiance à l'encontre d'Ettore Gotti Tedeschi, expert de "l'éthique de la finance". Il avait été nommé à la tête de l'institut, en 2009, avec la mission d'assainir les finances du Vatican. Officiellement, il lui est reproché de "n'avoir pas su remplir certaines fonctions de première importance". Selon des sources non confirmées, il aurait pu faire connaître lui-même certains documents de travail à l'extérieur du Vatican, par un souci de transparence. La chute de cet homme respecté survient à un moment crucial : début juillet, un groupe d'experts européens doit décider si le Vatican peut rejoindre la liste des Etats transparents dans la lutte anti-blanchiment, la "White list".
Un air de scandale
Impliqué dans les années 1980 dans des scandales sulfureux mêlant mafia, loge maçonnique et services secrets, l'IOR a repoli son image sous le pontificat de Benoît XVI. De nouvelles lois vaticanes ont été adoptées et le pape allemand a créé en 2010 une Autorité d'information financière (AIF). Avec cette affaire, les comptes du plus petits état au monde apparaissent plus troubles que l'Institut pour les oeuvres de religion (IOR) ne veut bien l'admettre.
Un complot "pour le Pape"...
En 2011, Mgr Carlo Maria Vigano, alors secrétaire général du gouvernorat du Vatican, avait dénoncé au souverain pontif des cas de "corruption" au sein de l'administration vaticane. Ce qui inquiète le plus la Curie romaine est que plusieurs personnes bien placées dans l'appareil aient décidé de trahir pour livrer ces documents. Le journaliste Gianluigi Nuzzi assure que ses sources sont animées par le seul désir de rendre plus transparent le Vatican et de servir le pape.
... ou un complot anti Bertone
Cette thèse est violemment contestée par certaines voix au Saint-Siège. En réponse, certains avancent un complot pour faire tomber le secrétaire d'Etat Tarcisio Bertone, numéro deux du Vatican, jugé honnête mais critiqué pour sa gestion jugée maladroite. L'homme aurait la confiance du pape mais de solides inimitiés dans l'appareil. Une hypothèse avancée est celle d'un complot anti-Bertone d'une "vieille garde" de cardinaux proches de Jean Paul II, qui regrettent une époque où le Saint-Siège avait une voix plus forte sur la scène internationale... et moins soucieuse de transparence.
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