La communion sous les 2 espèces semble bien avoir été la règle habituelle dans l’Église ancienne, la communion sous 1 seule espèce étant plutôt l'exception, attestée dans certains cas où elle s'impose: communion des fidèles à domicile (qui était permise dans les 1ers siècles), communion des enfants, liturgies des présanctifiés (en Occident, uniquement le vendredi saint, en Orient, pendant tout le Carême en-dehors des dimanches). Certains textes font néanmoins penser que la communion sous 1 seule espèce était également pratiquée, au moins dans certains cas ou de façon facultative, dans les messes "normales", par exemple le fait que le Pape Léon le Grand a rendu obligatoire à Rome la communion sous les 2 espèces pour empêcher les hérétiques manichéens (qui refusaient de recevoir le Précieux Sang) de se mêler aux communiants.
En Occident, la communion sous les 2 espèces a disparu progressivement entre le XIIe et le XIIIe Siècle, sans qu'on sache trop pourquoi (à ma connaissance). Il est vrai que la communion des fidèles était de toutes façons devenue particulièrement rare à cette époque (c'est celle où on a dû imposer la règle de communier au moins 1 fois par an). Le Concile de Trente a affirmé que la communion sous 1 seule espèce ne privait celui qui la recevait d'aucune grâce nécessaire au salut, mais a refusé de se prononcer sur la question de savoir si elle diminuait la grâce reçue, cette question reste donc ouverte.
Théologiquement, un sacrement signifie la grâce qu'il communique, on peut donc se demander ce que signifie le fait de ne pas donner, de façon normale plutôt qu'exceptionnelle, le sang consacré aux fidèles. Il est vrai que la doctrine catholique enseigne que chaque parcelle de pain OU de vin consacré contient intégralement la divinité du Christ, mais d'un autre côté, l’Église ne fait rien en vain, pourquoi donc a-t-elle donné la communion sous les 2 espèces aux temps apostoliques si c'était superflu? Pourquoi nous éloignons-nous de la pratique antique sur un sujet qui n'est pas une simple question de discipline, mais un élément lié au sacrement central de l’Église?
Il me semblerait donc normal de prévoir la communion sous les 2 espèces au minimum une fois de temps en temps, lors de jours liturgiques privilégiés (p.ex le Jeudi Saint ou à Pâques), même si la distribution est plus compliquée à organiser. Maintenant, il faut aussi que ça soit fait de façon digne, la façon de faire ne devant jamais inciter à l'indifférence et à la négligence.
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