Je viens de vérifier la question et l'historique des couleurs :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Drapeau_de_la_France
Utilisation des trois couleurs sous la Royauté
Le traitement ci-dessous des couleurs suit l'ordre chronologique de leurs apparitions.
Les emblèmes utilisés reflétaient les trois ordres traditionnels de la société, avec :
1.une bannière religieuse qui fut d'abord l'oriflamme de saint Denis puis la bannière de Jeanne d'Arc ou de saint Michel
2.un étendard royal ou seigneurial, en l'occurrence les fleurs de lys sur fond bleu puis la cornette blanche (également adoptée par la flotte)
3.un signe de reconnaissance pour les fantassins qui fut d'abord la croix rouge sur fond blanc puis la croix blanche sur fond souvent bleu (comme pour le pavillon de la marine marchande).
Rouge
Oriflamme
La couleur rouge est la couleur de l'oriflamme. Selon Colette Beaune, le don divin de l'oriflamme à Clovis est mentionné pour la première fois dans une oraison funèbre1 de 1350 puis repris dans une Chronique universelle du début du XVe siècle2.
En réalité, l'oriflamme était originairement la bannière de l'abbaye de Saint-Denis dont le rouge symbolisait le martyr de saint Denis, premier évêque de Paris3; les comtes du Vexin la portaient à la guerre comme avoués de cette abbaye prestigieuse fondée par Dagobert Ier. Quand en 1077, Philippe Ier eut réuni le Vexin français au domaine royal, il hérita aussi du droit de porter l'oriflamme qui par la suite figura à côté de la propre bannière de France. Usurpé par les prétendants anglais au trône de France, le port de l'oriflamme est abandonné par Charles VII au profit de l'étendard de Saint Michel4, et cessa par la suite d’apparaître exclusivement.
En janvier 1188, lors d'une entrevue près de Gisors, l'archevêque latin de Tyr s'adressa à Philippe Auguste de France, Henri II d'Angleterre et Philippe Ier comte de Flandre et les convainquit de participer à une nouvelle croisade pour secourir la Terre sainte ; il fut convenu que les Français arboreraient une croix rouge sur fond blanc, les Anglais une croix blanche sur fond rouge, et les Flamands une croix verte sur fond blanc. À la fin du XIVe siècle au plus tard, l'usage changea dans le cadre de la guerre de Cent Ans, quand les Anglais s'approprièrent la croix rouge (en partie pour renforcer leurs prétentions au trône de France) et que les Français choisirent eux d'arborer la croix blanche (rappelant la vassalité du roi d'Angleterre).
Le rouge fleurdelysé d'or a été choisi comme étendard des galères royales alors que les vaisseaux royaux arboraient le blanc fleurdelysé d'argent.
Bleu
La couleur bleue est vraisemblablement d'abord celle des armoiries, qui n'apparaissent dans l'usage militaire qu'au XIIe siècle5. La couleur d'azur est connue comme celle des armes des branches cadettes de la famille royale, en particulier celles de Raoul Ier de Vermandois, « échiqueté d'or et d'azur »6, entre 1135 et 1145. À la fin du XIIe siècle, l'azur, couleur du ciel et symbole de grandeur spirituelle (notamment couleur du manteau de la Vierge qui abandonne ses vêtements de deuil sombres3), apparaît sur un nombre croissant de blasons et donne son aspect au blason royal, à trois fleurs de lys d'or sur fond d'azur7.
Armoiries des Capétiens
Pour donner à cette couleur d'azur une vénérable antiquité, quelques auteurs sous l'ancien régime ont avancé qu'elle correspondait à la couleur du manteau (la chape) de Martin de Tours, utilisée comme palladium par Clovis8. Toutefois, si l'utilisation de cette relique par les rois mérovingiens lors des guerres est mentionnée par divers auteurs d'époque carolingienne9, aucune source directe (antérieure au XIIe siècle) ne précise la couleur de ce vêtement10.
En tous cas, le bleu est adopté comme couleur des rois de France quand se développe l'héraldique au XIIe siècle.
Blanc
Le blanc est la couleur traditionnellement associée à la monarchie française, à tel point qu'après la Révolution, elle incarnera le monarchisme traditionnel. Cette association ne date que de la fin du XVIe siècle, même si elle continue une série de traditions plus anciennes. Elle provient de l'adoption par Henri IV de l'écharpe blanche (le fameux panache blanc) comme signe distinctif des armées royales par opposition à celles, rouges ou vertes, des Espagnols et des Lorrains. Il faisait en fait de la couleur du parti huguenot, auquel il avait appartenu avant son accession au trône, celle de la France. Ses successeurs prendront soin de taire cette origine protestante pour insister au contraire sur son caractère catholique11.
Depuis les croisades, le blanc faisait partie du répertoire monarchique. Les croisés français se distinguaient des autres en arborant une croix blanche. Ce n'est pourtant que depuis 1300 que cette couleur a commencé à s'imposer comme symbole du royaume : on la porte d'abord en bande ou en croix latine, comme lors des guerres de Flandre12. Ainsi, au début de la bataille de Mons-en-Pévèle en 1304, les chevaliers français se ceignent d’écharpes blanches de rencontre comme signe de ralliement juste avant la bataille.
La guerre de Cent Ans lui donne une place symbolique importante sous la forme de la croix blanche, opposée à la croix rouge d'Angleterre : Jean Ier d'Armagnac, en 1355, exige de ses soldats de porter une croix blanche sur la frontière de Guyenne13. Durant l'été 1417, devant la menace des troupes anglaises d'Henri V qui combattaient avec l'emblème de la croix rouge, les habitants d'Orléans se préparèrent à défendre leur ville et ceux en état de prendre les armes reçurent l'ordre de porter notamment une heuque (tunique) bleue marquée sur la poitrine d'une croix blanche14. En 1418, le dernier fils de Charles VI, devenu le dauphin l'année précédente, adopta sur ses étendards l'image de saint Michel armé terrassant le dragon et fit de l'archange le protecteur de la France15. L'emblème des combattants français fut donc appelé la croix blanche de saint Michel (symbole de lumière opposé au rouge sang) et, réciproquement, l'archange fut représenté avec cette croix16. Jeanne d'Arc adopta également un étendard blanc frappé de symboles mariaux.
Cette opposition entre croix rouge anglaise et croix blanche française s'insinua dans les conflits annexes, comme celui entre Armagnacs et Bourguignons : les seconds, alliés des anglais, portaient le sautoir écoté rouge sur fond blanc, tandis que les premiers, farouchement opposés aux Anglais, avaient repris la croix blanche et l'écharpe assortie15.
Sur les tuniques et les étendards, la croix blanche devint le symbole de l'armée française et le resta jusqu'à la Révolution.
Bataille de Poitiers (1356) : Français portant la croix rouge.
Bourguignons portant la croix de saint André à Paris en 1418.
Après les guerres de Religion et la décision d'Henri IV d'adopter le blanc huguenot comme couleur de ralliement, l'écharpe puis le drapeau blanc devinrent les symboles du royaume de France. Le blanc était plus spécifiquement la couleur du commandement militaire, les officiers ayant des écharpes plus voyantes afin d'être repérables par leurs hommes et les colonels des régiments ayant des drapeaux blancs à croix blanche. Commandant suprême des armées, le roi était accompagné d'un drapeau blanc sur les champs de bataille. Le blanc a ainsi été d'Henri IV à 1790 la couleur du drapeau royal17 Les successeurs d'Henri IV, luttant contre le particularisme religieux des protestants, turent cette origine pour donner au blanc une nouvelle signification. La couleur humble et pure des huguenots était ainsi remplacée par celle de la vierge Marie, sous la protection de laquelle Louis XIII plaça le royaume11.
Couleur militaire, le blanc fut réservé à partir de 1638 aux vaisseaux de guerre de la marine royale. Les galères utilisaient des pavillons rouges. Les navires marchands devaient se contenter des drapeaux bleus à la croix blanche surnommés alors « ancien pavillon de France ». C'est un de ces anciens pavillons, arboré par le bateau de Samuel de Champlain qui donna naissance au drapeau du Québec.
Dès lors que les trois couleurs furent utilisés sous la Royauté bien avant la RF (voir article ci-dessus), je ne vois pas pourquoi le drapeau tricolore ne serait pas maintenu en cas d'éventuelle restauration monarchique. Ce n'est que la signification ultérieure qui fut donnée au rouge et au bleu, donc une interprétation (doublée d'une volonté d'en découcre) qui a fait échouer la restauration du comte de Chambord sous le nom d'Henri IV.
Mais, je le répète, les Bourbon-Anjou auxquels appartient l'actuel prétendant, Louis XX, descendant direct de Louis XIV et de son petit-fils, Philippe V d'Anjou, devenu roi d'Espagne, n'ont rien à voir avec la symbolique révolutionnaire. Ils peuvent très bien se revendiquer d'une symbolique traditionnelle des couleurs, comme expliqué dans l'artiucle ci-dessus, intégrant traditionnellement le bleu, le blanc et le rouge.