Le MA, c'était trokool : la saleté, la misère, les loups, les mercenaires, le froid, les maladies, la mortalité infantile très élevée, les femmes avec plein de gosses, la longueur des trajets, les taxes écrasantes... Que du bonheur.
Carricature, idées reçues non vérifiés, images véhiculées par la société du spectacle.....
Le Moyen Age, pour commencer, c'est 1000 ans, donc "au Moyen Age", ça veut tout et rien dire....
On parlera du Moyen Age qui est le plus présent dans les esprits: l'époque des croisades, soit de l'an Mille à la guerre de Cent ans, et ça fait déjà une fourchette ultra large.
Les loups, ça a jamais été un problème, il y en a encore pleins dans beaucoup de pays, et on entend rarement que quelqu'un s'est fait bouffer.
La misère, y en a aussi aujourd'hui, et pas forcément moins qu'autrefois.
La longueur des trajets, ça permettait de prendre son temps... Aujourd'hui c'est sûr, en 1/4 d'heure tu fais 20 bornes en voiture, mais tu ne croises personne, tu ne vois presque rien, tu t'emmerdes.... bref, pas forcément mieux. Surtout que la réduction du temps de trajet provoque une accélaration fulgurante de tout: on veut aller vite tout le temps et partout, et l'humain, avec ses limites, ne suit plus.... ça donne un monde déshumanisé.
La saleté, c'est une légende, j'y reviendrai, mais on était beaucoup plus crade au XIXème siècle, y compris (surtout?) chez la bourgeoisie et sa pudibonderie invraisemblable. Au XIIème siècle, même dans les petites villes, on a des bains public, parfois mixtes! qui sont des lieux de sociabilités autant que l'église ou le village.
Le froid, c'est totalement faux! Au XIIème siècle, la France connait un léger réchauffement climatique... Il faisait meilleur qu'aujourd'hui. Faut oublier tous ces films débiles sur le Moyen Age qui se passent toujours en Hiver et où l'on en rajoute sur le côté période ultra rude. C'est juste racoleur, mais ça ne correspond en rien à une réalité historique.
Les taxes écrasantes, ça dépendait où on se situait et comment se comportait le seigneur du coin.... Comme aujourd'hui en somme..... Il faut admettre que les taxes étaient très élevées, c'était même indécent parfois, mais ça n'empêchait pas les gens de vivre, sauf en cas de crise. Les taxes étaient fixées très précisément, comme aujourd'hui, et jusqu'à la Révolution, les gens parlaient du "bon temps du roi Saint Louis".....
Le travail n'avait rien à voir avec aujourd'hui: la majorité écrasante de la population était une population rurale ET paysanne.
On vivait de la terre, mais rien à voir avec les grandes exploitations d'aujourd'hui, c'était une agriculture d'auto subsistance accompagné d'un peu d'artisanat pour améliorer le quotidien.
Parmi ces paysans, on avait de très nombreuses réalités, du laboureur propriétaire et aisé, vivant mieux que beaucoup de nobles, disposant d'ouvriers agricoles...etc, etc, au serf, attaché à la terre, dépendant de son seigneur, et ce en passant par l'artisan/paysan confortablement installé, le métayer peu fortuné, ou, les plus nombreux, les tenanciers d'acquitant d'un impôt contre l'utilisation des terres, mais sinon parfaitement libre.
Le travail pouvait être rude, surtout pendant la belle saison, mais on faisait le travail collectivement, en famille, au sein de la communauté villageoise, travail qui était l'occasion de célébrer de nombreuses festivités et de vivre ensemble. La communauté villageoise était ultra soudée, jusqu'à en être oppressive. Les paysans ne travaillaient pas le Dimanche et avaient un nombre extrêmement grand de jours chômés et de fêtes. Bref, c'était une vie en communauté, le travail n'était pas aliéné et séparée de la vie de tous les jours comme aujourd'hui. Leur vie n'avait rien à voir avec la nôtre.
Elle pouvait être rude: médecine rudimentaire, travail usant, alimentation peu adaptée. Ça c'était le revers de la médaille. Quelle que soit la classe sociale, un enfant sur deux mourrait avant l'âge de 4 ans (c'est ce chiffre qui donne des espérance de vie accadabrantesques comme 28 ans, c'est évidemment une bête moyenne trompeuse). Mais ceux qui passaient ce cap pouvaient mourir vieux, et on a souvent des vieillards dans les villages. L'idée que les gens de cette époque étaient sale est fausse. Depuis l'antiquité, les populations connaissaient des savons à base de plante et de graisse animale. La plupart du temps, ils étaient soigneux de leur intérieur et on ne supportait pas d'être vêtu d'habits abîmés. Les maladies étaient d'avantage le fait d'une ignorance de certaines choses (comme des microbes et des bactéries, ou de la manière dont on était contaminé) que d'un réel manque d'hygiène, qui était beaucoup plus présent en ville. Autre inconvénient, économie paysanne oblige, on était totalement soumis aux aléas climatiques... Une mauvaise récolte rimait avec disette, voire famine, et donc épidémies, et souvent mort.
En ville, ça se passait différemment. Les villes ont commencé à s'affranchir du pouvoir féodal au XIIème siècle, et les différents métiers se sont organisés en "corps", ancêtres des corporations abolies par la Révolution. Ces corporations étaient très protectionnistes et possédaient des règles qui protégeait et régulait le travail de ses membres. On avait pas le droit de travailler plus qu'un autre membres du même métier, ou de pratiquer des prix différents. Ici aussi, on vivait en communauté. Après, on était loin des 35 heures, mais la nature du travail n'était pas la même, c'est surtout ce point qui est fondamental, c'est incomparable à aujourd'hui.
Quant à la sécurité, en effet, il y eut des périodes troublées où l'insécurité était grande. Des bandes de routiers, de mercennaires, pillaient et ravageaient certains territoires. Mais sauf aux pires heures de la Guerre de Cent Ans, c'était loin d'être une généralité, et on pouvait vivre dans un village sans jamais voir un homme d'arme.
Et les paysages et environnement visuel n'étaient pas démolis et pourris comme aujourd'hui. LEs gens vivaient en harmonie avec ce qui les entourait, ils savaient en supporter les rigueur et en apprécier les bienfaits et la beauté (il n'y a qu'à lire certains chants et poèmes courtois de l'époque). Je pense que plus d'un aurait fait une syncope en voyant nos tas de bétons pollués, inhumains, environnés d'usines et de zones commerciales, avec des panneaux publicitaires nauséabonds à tous les coins, sans parler des campagnes ravagées par l'agriculture moderne et les zones pavillonnaires.
Enfin bref, il faudrait en dire beaucoup plus long, car c'est un sujet très complexe et souvent on raconte absolument n'importe quoi sur le sujet.