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REIMS (Marne). Dimanche, une femme a demandé une prière universelle à la mémoire de Mohamed Merah lors de la messe donnée en l'église Saint-André. Des paroissiens n'ont pas compris que le curé poursuive la cérémonie comme si de rien n'était.
«Comme Dieu aime tous les hommes, je vous invite à prier pour Mohamed Merah. » C'est en substance ce que déclare une fidèle de l'église Saint-André en pleine messe, dimanche dernier.
Comme d'autres avant elle, la femme a pris le micro au moment des prières universelles où chacun peut inviter les autres à avoir une pensée à la faveur des malades, des miséreux ou encore d'un défunt. Étant donné l'ampleur de la tragédie, l'assistance n'en croit pas ses oreilles. Aussitôt, des voix basses mêlées d'un sentiment de stupeur bruissent dans l'église où de nombreux fidèles sont sidérés que l'on puisse demander grâce à Dieu à la mémoire de l'auteur des massacres de Toulouse. « Nous avons été outrés. On s'attendait à ce que quelqu'un se manifeste pour les victimes du drame de Toulouse mais certainement pas pour lui », explique un témoin de la scène. La prière achevée, la personne retourne à sa place comme si de rien n'était. Comme elle est la dernière à se manifester pour les prières universelles, certains paroissiens imaginent que la messe va se poursuivre par un mot ou un geste susceptible d'apaiser l'émotion suscitée par une telle initiative.
« Le curé n'a rien dit »
« Après la minute de silence, le curé n'a rien dit. Pourtant, on s'attendait vraiment à ce qu'il dise un mot ou qu'il demande de prier pour les victimes », poursuit le fidèle. La messe est donc menée à son terme sans que le malaise soit dissipé. Le père Vincent Breynaert de la Communauté du Chemin Neuf, en charge du presbytère de la paroisse Saint-André, explique aujourd'hui que « c'est le risque quand une prière est universelle car elle est spontanée ». « Il est vrai que l'on est exposé, mais c'est une prière qui vient du fond du cœur et je me dois de la respecter », précise-t-il.
Pourquoi n'est-il pas intervenu sur l'instant ? « Si j'en rajoute quand la parole est dite dans une liturgie, ça peut être mal interprété. Le Seigneur, lui, sait que l'on a prié tous les jours de la semaine pour les victimes de ces meurtres. »
Il ajoute que la paroissienne concernée a elle aussi prié pour les victimes. Et de conclure : « Son cœur s'est élargi à cet homme pour que lui aussi bénéficie de la miséricorde de Dieu ». Embarrassé, il n'ignore pas qu'un sentiment de malaise a envahi le cœur de certains fidèles. « J'ai eu la visite d'une personne pour cela », confesse-t-il spontanément.
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