Geopolis , je partage votre analyse ( même si elle est "dure à avaler" )
Tant qu'à asséner du politiquement incorrect, autant assumer, ça procure un effet cynique et comique... ;)
je crois comprendre que vous critiquez le système post soixante-huitard sans en être sûre .
Pas nécessairement.
Bon, je pars de quelques principes :
1. Les élèves actuels sont plus médiocres que leurs aînés et leur niveau général décroît depuis le début des années 1990 (même si quelques avocats du système scolaire avancent qu'il augmente ; il augmente, certes, depuis les années 1950, 1900 ou la préhistoire).
2. Non seulement ils sont plus médiocres, mais beaucoup se vautrent dans des contre-valeurs, tournant notre Bien en Mal ou en ridicule. (, écrivait Saint-Exupéry.)
3. Le débat est loin d'être pédagogique. J'entends par-là que la France, avec son meilleur-système-scolaire-du-monde dans les années 1970 et sa décadence actuelle n'a jamais été performante en didactique, alors comme aujourd'hui. Elle n'avait qu'un atout, l' de ses personnels éducatifs.
4. De manière plus grave, les familles et les trois pouvoirs politiques démissionnent de leurs missions éducatives, l'abandonnant naïvement et criminellement à l'école. Quand l'école publique éduquait quand elle relevait de l' "Instruction publique". Aujourd'hui qu'elle relève de l' "Education nationale", elle ne peut plus qu'instruire car son levier éducatif, l'autorité, est supprimé.
5. Cette autorité s'appuyait sur la nation : les familles, l'exécutif, le législatif et, surtout, le judiciaire des IIIe et IVe Républiques défendaient "les pleins pouvoirs" du "corps d'élite" constitué par les "hussards noirs de la République" (F.-O. G., Le Point 1780, 6).
6. Le désastre n'est pas à l'échelle de la France mais concerne l'ensemble des démocraties libérales. Par libéralisme, on laisse des familles inaptes gérer l'éducation de leurs enfants, sous l'égide et la protection de magistrats qui terrorisent les familles responsables, les pouvoirs exécutifs (l'école publique) et législatifs en arrangeant, interprétant, ignorant ou inventant des lois selon leurs idéologies excessivement libérales (rousseauistes, angélistes, permissives, etc.).
7. Je souligne en passant qu'en France le pouvoir judiciaire est le seul sur lequel les citoyens n'exercent aucune autorité...
8. Notre école autoritaire n'avait qu'une tare, celle d'humilier et de délaisser les cancres. L'école post-soixante-huitarde présente au moins le mérite de les ménager. Mais à l'IUMF, on m'a appris à distinguer à fins pédagogiques deux synonymes : l'erreur (une bêtise non intentionnelle, qui ne saurait être sanctionnée au-delà de ses propres effets) et la faute (une transgression délibérée, assumée, qui doit être punie).
9. J'ajoute que toute transgression apportant du plaisir, ce plaisir doit être compensé par un déplaisir supérieur, propre à annuler et, si possible, dépasser le plaisir pris grâce à la transgression. La plupart des enseignants français en sont aujourd'hui incapables et bien des familles et des magistrats se chargent de leur en couper les derniers moyens légaux et moraux, cette note valant pour l'ensemble des éducateurs (parents, animateurs, enseignants, etc.).
J'ai sûrement brûlé des étapes. Ma réflexion s'est construite petit à petit et sur maints autres points de départ.
fallait surtout pas TRAUMATISER les chères têtes blondes ,devenues si rétives à la frustration !
Intéressante remarque. Serge Boimare, spécialiste d'enfants présentant de très lourds troubles du comportement, et qui a aidé nombre d'entre eux à les surmonter, affirme qu'il existe quatre compétences psychiques nécessaires aux apprentissages scolaires (à partir de 2-4 ans) :
1. gérer le manque ;
2. gérer l'attente ;
3. gérer la règle et ;
4. gérer la solitude.
Selon Boimare, qu'une de ces quatre compétences-là vienne à manquer et la scolarité est fichue (je partage son avis).
Trente ans de "laboratoire pédagogique" , ça laisse des traces .
C'est un débat dépassé. Ces modes pédagogiques, inventées et mises à la mode par des sympathisants communistes, firent leurs preuves dans la mesure où leurs inventeurs étaient aussi despotiques sur la discipline que leurs collègues plus classiques.
Aujourd'hui , on se prend des leçons en sciences et littérature par des pays dont le système d'éducation pour tous n'a pas 20 ans ...gloups!
L'avantage de construire sans les chaînes du passé, c'est de saisir le meilleur de ce qui existe.
Et les parents attendent toujours de l'Ecole qu'elle donne les moyens à leurs enfants de se débrouiller au mieux dans un monde qui n'a aucune pitié pour ceux qui n'ont que peu de compétences . Aujourd'hui plus qu'hier ,il faut étudier et être le meilleur -même à la fac !
Eh bien, je dénonce l'absence de moyens consentis par les parents pour cette école rêvée. Une bonne éducation ne s'effectuera qu'à l'encontre d'un bon nombre de familles actuelles. Si l'anarchie libérale est bonne pour le marché et le commerce, elle reste funeste à l'éducation. Et une mauvaise éducation est à la fois funeste au libéralisme, à la démocratie, au marché et au commerce.
C'est fini les éternels étudiants qui se cherchent ...On peut s'en désoler mais c'est comme ça : nous ne sommes plus en concurrence avec la grande ville voisine mais avec les continents voisins ...Et pour rester les meilleurs , du moins parmi les meilleurs , on doit faire comme les autres ...les mêmes méthodes ayant les mêmes résultats .
Vous soulevez un autre problème du libéralisme dans la formation. Si chacun souhaite le plaisir de choisir son orientation scolaire (ou celle de ses enfants), ses lacunes éducatives aboutiront à de mauvais choix et, en libéralisme, le mauvais choix est sanctionné par l'.
C'était le combat de De Gaulle (antilibéral) contre Pompidou et les soixante-huitards (libéraux). Les libéraux ont gagné, chacun choisit avec ses moyens intellectuels et les échecs personnels sont cruels. Et comme par hasard, ce sont les enfants de profs qui s'en sortent le mieux, trustant aujourd'hui un tiers des meilleures places de l'enseignement supérieur alors qu'ils ne composent qu'un soixantième de la population ! Tentez d'y changer quoique ce soit, vous trouverez sytématiquement les iniques syndicats d'enseignants du second degré pour interdire toute évolution, avec la bénédiction, l'approbation et le soutien des familles piégées.
Ceci dit , si on me trouve des classes prépa où on bichonne les élites comme des poussins de trois jours , je veux voir !
Elles revendiquent la pression comme moteur moral pour leurs élèves. Efficace et critiquable.