L’ignoble tuerie de Toulouse et la découverte de l’identité de l’assassin ont mis en pleine lumière ce que les bienpensants de tous bords ne veulent pas voir, entendent taire à tout prix, et ensevelissent déjà sous des torrents de mots anesthésiants : il existe de l’antisémitisme en France et en Europe aujourd’hui.
Cet antisémitisme n’est pas l’antisémitisme à l’ancienne tel qu’il circulait au temps du Reich avant de mener à Auschwitz.
C’est un antisémitisme dont la matrice barbare est l’antisémitisme islamique. Toutes ses victimes, depuis désormais de nombreuses années, sont tombées sous les coups de musulmans plus ou moins fanatisés.
C’est un antisémitisme qui touche l’ensemble du monde musulman et qui pénètre les communautés musulmanes d’Europe, au travers des chaînes de télévision satellitaires.
C’est un antisémitisme qui est indissociable de l’antisionisme, par le biais duquel nombre de non musulmans glissent en Europe vers l’antisémitisme et se mettent à être antisémites sans même s’en apercevoir.
C’est un antisémitisme qui permet, même à des antisémites à l’ancienne, nostalgiques d’Hitler ou de Pétain, de se refaire une virginité et de distiller à nouveau leurs idées nauséabondes.
Une enquête rendue publique la semaine dernière par l’Anti Defamation League (la Ligue Anti-Diffamation) aux Etats-Unis permet de mesurer l’ampleur du phénomène. Elle a porté sur dix pays et a visait à évaluer le degré d’antisémitisme qui y règne. Ce sondage s’est articulé autour de critères prenant en compte les contours du nouvel antisémitisme.
N’ont été définis comme antisémites que les gens ayant répondu par l’affirmative à au moins trois des quatre questions suivantes : les Juifs ont-ils trop de pouvoir financier ? Les Juifs ont-ils trop de pouvoir dans le monde des affaires ? Les Juifs parlent-ils beaucoup trop de la Shoah ? Et : les Juifs sont-ils trop loyaux envers Israël ?
Les résultats sont accablants. Le pays d’Europe qui semble compter le moins d’antisémites est les Pays-Bas : 10% d’antisémites. Le pays qui en compte le plus est la Hongrie, 63%, suivie par l’Espagne, 53%, et la Pologne, 48%. La France se situe dans la moyenne avec 24% d’antisémites avérés. L’Allemagne, pays dans lequel certaines leçons auraient dû être retenues, se situe à 21%.
L’enquête montre que, dans tous les pays concernés, les chiffres sont en hausse. Une question supplémentaire le montre d’ailleurs. Elle est formulée ainsi : votre opinion concernant les Juifs est-elle plus négative qu’il y a quelques années ?
Attendez-vous à connaître une sensation de malaise. Ont répondu oui à la question 85% des Néerlandais, 80% des Hongrois, 59% des Espagnols, 50% des Polonais, 62% des Français et 58% des Allemands.
Ceux qui espéreraient une amélioration ou une inversion des tendances déchanteront.
D’autres enquêtes réalisées dans les pays où ce type de décompte est possible montrent que les populations musulmanes sont effectivement le fer de lance du nouvel antisémitisme, et contribuent fortement à faire monter les pourcentages. Or, les populations musulmanes sont les seules dont le nombre s’accroît aujourd’hui dans une Europe confrontée à la dénatalité et au vieillissement.
Les dirigeants politiques dans toute l’Europe savent que, pour accéder au pouvoir et obtenir une majorité, il leur faut compter toujours davantage avec les voix musulmanes, ce qui implique de ne pas tenir de discours malséant, de ne pas poser les questions qui fâchent, et de ne pas aborder les sujets qui peuvent déranger ; or l’antisémitisme islamique est, par excellence, le sujet qui peut déranger.
L’antisionisme est le deuxième sujet à ne pas aborder. Et vous aurez remarqué que, lorsqu’ils parlent d’Israël, les dirigeants politiques européens citent aussitôt la nécessité impérative de voir émerger un Etat palestinien. Vous remarquerez aussi que le terrorisme palestinien n’est que très rarement évoqué par eux.
Les bienpensants, eux, pensent conformément au sens du vent : ils parlent volontiers de l’antisémitisme à l’ancienne et seront toujours prêts à sonner la charge contre l’extrême droite et les « néo-nazis ».
Face au nouvel antisémitisme, ils se taisent. L’antisémitisme islamique, ils l’ignorent, et si vous leur en parlez, ils vous traitent rapidement de « raciste », voire de « raciste islamophobe », car pour eux, ne l’oubliez pas, il existe une race musulmane.
Quant à l’antisionisme, c’est pour eux une simple opinion politique puisant sa légitimité à l’aune des innombrables ignominies qu’ils sont tout disposés à attribuer à Israël sur un mode et avec des mots qui rappellent les abjections dont on accusait les Juifs en Europe, voici soixante-dix ans (mais c’est un hasard, bien sûr).
Le sens du vent étant ce qu’il est, les populations musulmanes grandissant, l’islam radical ayant la houle en poupe, les dirigeants politiques européens étant ce qu’ils sont et ayant besoin de voix, les déductions sont faciles à effectuer.
Les victimes de la tuerie de Toulouse ont été enterrées en Israël. Elles y reposeront en paix. Les territoires d’Europe sont de moins en moins sûrs pour les Juifs. Ils sont moins sûrs, aujourd’hui, qu’ils ne l’étaient hier. Ils seront très vraisemblablement moins sûrs demain qu’ils le sont aujourd’hui.
Je l’écris avec tristesse, mais je dois l’écrire. Et moi qui ne suis pas juif, je dois préciser que je me sens de moins en moins à l’aise dans l’Europe telle qu’elle devient.
Je n’aime pas du tout le sens du vent d’aujourd’hui. L’islam radical m’inquiète, car je suis hostile à tout racisme et à toute forme d’antisémitisme, ainsi qu’à toute forme de totalitarisme. Les dirigeants politiques européens me consternent. Quant à la bienpensance, je m’en suis toujours senti très éloigné. Je pense que le travail intellectuel est un travail honnête, et j’entends le faire honnêtement, sans me situer dans le sens du vent, et sans retourner ma veste et vendre ma chemise quand la girouette s’agite.
Par Guy Millière