Journée internationale de lutte contre l’excision : l’Europe, entre amalgames et responsabilités
Ce 6 février 2012, à l’occasion de la journée internationale de « Tolérance zéro Excision ou Mutilations Génitales Féminines », le monde entier se mobilise avec espoir et détermination pour l'élimination définitive de la pratique de l'excision. À cette occasion, les manifestations et les campagnes de sensibilisation se multiplient sur ce sujet perçu encore comme tabou et délicat. Selon les Nations Unies, cette pratique nuisible touche entre 100 et 140 millions de filles et de femmes à travers le monde et environ 3 millions courent ce risque chaque année.
L’Islam et l’excision :
Cette condamnation puise sa légitimité dans un retour aux sources de la jurisprudence islamique. L'Islam n'évoque pas l'excision et aucun texte, versets ou Hadiths authentiques (actes et paroles du prophète Mohammed), ne peuvent être aujourd'hui invoqués pour justifier un acte qui porte atteinte à la vie humaine. Pourtant dans certaines communautés musulmanes d’Afrique, l'excision continue de faire l’objet de débats parfois houleux, passionnés et contradictoires entre les partisans et les adversaires de cette tradition.
La majorité des savants, à l’instar de Sayid Sabeq ou Rachid Ridha, sont formels et s’accordent pour dire que les chaînes de transmission des hadiths relatives à l’excision sont faibles, d’authenticité douteuse et ne peuvent faire force de loi.
Prenons, à titre d’exemple, les deux hadiths les plus répandus et rapportés par Ahmed et Bayhaqi selon lequel le prophète de l'Islam (PSL) aurait dit :
- « la circoncision est une Sunnah pour les hommes et une action noble pour la femme »
- une femme exciseuse, Um Atiya, s’adonnait à cette pratique à Médine, et le prophète lui aurait dit « O Um Atiya, coupe légèrement et n'exagère pas car c'est plus agréable pour la femme est meilleur pour le mari » (s'agissant du clitoris qu’il aurait conseillé d’effleurer).
En ce qui concerne le premier hadith, le penseur Rachid Ridha explique qu’il n'est pas authentique. En l’occurrence, la personne qui l’a rapporté, Al Hajjaj Ibn Arta, est bien connu parmi les spécialistes de la science des ahadiths comme étant un personnage indigne de confiance, donnant ainsi un caractère douteux au texte rapporté.
Quant au deuxième, à l'instar du premier, il est faux et de type « mursal » (la chaîne de garant n'est pas fiable). Aussi, les spécialistes de la science du hadith se sont accordés pour dire que le style utilisé ne correspond absolument pas au style usuel du prophète de l'Islam (PSL).
Enfin, la tradition rapporte que le prophète a fait circoncire ses petits-fils, mais rien ne mentionne que le prophète a fait exciser sa fille où ses petites filles.
C’est une preuve suffisante pour affirmer que l'excision ne trouve aucun fondement dans les sources scripturaires et n'est donc pas un précepte de l'Islam ; tous les arguments avancés illustrés par des hadiths faibles ne peuvent justifier un arrêt légal.
Ainsi, tous les savants sont aujourd'hui unanimes sur la nécessité d'abandonner cette pratique aux conséquences tragiques sur les plans médicaux, psychologiques et sociaux.
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