Le cœur du réacteur terroriste est islamo-salafo-wahabite. C'est l'Arabie saoudite qu'il faut frapper et annihiler, définitivement.
Emmanuel Todd répondra que les pays arabo-musulmans subissent ou sont en voie de subir une .
Dans toutes les aires civilisationnelles, l'aphabétisation des masses et la diminution du taux de fécondité consécutif entraîne des prises de conscience collectives révolutionnaires (tendant de manière générale à la révolution libérale). Les sociétés sont traversées par des changements culturels, politiques, économiques et sociaux intenses. Or ces changements induisent des réactions, ne serait-ce que de la part des personnes, familles, clans, tribus, classes sociales qui bénéficiaient de l'ancien ordre social.
L'affrontement entre les révolutionnaires et les réactionnaires crée une crise de transition. Les Anglais subirent une guerre civile au XVIIe siècle, mais ce sont les Français qui inaugurent une terreur planétaire avec leur Révolution en 1793 (Terreur, guerres révolutionnaires, auxquelles nous pourrions ajouter les guerres coloniales sous couvert de civilisation égalitariste et humaniste et nos dernières révolutions (1830, 1848, 1940) et épurations (1870, 1944)). Peu ont tué autant que les Français, et qui dira pour autant que la France est en guerre ?
Cette alphabétisation suivie d'une transition démographique et d'une crise violente de transition se vérifie aux USA (guerre de Sécession), en Chine (depuis le début du XXe siècle, tyrannie communiste comprise), en Turquie (Jeunes Turcs et kémalistes), Russie (bolchevisme et URSS), Italie (fascisme), Allemagne (IIIe Reich), Espagne (guerre d'Espagne), Grèce (guerre civile et despotisme), Cambodge (Khmers rouges) et, aujourd'hui, dans les pays arabo-musulmans et en Afrique subsaharienne (avec l'immonde afro-centrisme et ses variantes hutue et tutsie, congolaise, zimbabwéenne, ivoirienne, sud-africaine...).
Revenons aux musulmans. Nous en connaissons beaucoup de pacifiques, modernes ou archaïques (restés dans les féodalités traditionnelles). Mais pour nombre d'entre eux, issus de familles analphabètes et paysannes, la modernité bouleverse des mentalités et des usages tribaux et féodaux. Il s'ensuit un combat entre les progressistes qui évoluent vers la libéralisation(/mondialisation) et une arrière-garde ultra-conservatrice qui s'accroche à des mythes crypto-ancestraux, tribaux et religieux, pour interdire tout progrès.
En Indonésie comme en Afghanistan, dans les HLM occidentaux comme dans les grandes villes arabes, l'exaltation de valeurs tribales (endogamie, phallocratie) et religieuses (djihadisme) correspond à l'égalitarisme français et bolchevique, à l'ultra-libéralisme anglo-saxon, au fascisme italien, au nazisme allemand, au maoïsme, au polpotisme, à l'afro-centrisme.
Et la crise de transition arabo-musulmane, d'ailleurs aussi diverse que le monde musulman lui-même (elle est dépassée au Kazakhstan et dans les élites arabes, en cours ailleurs - elle déconsidère à ce titre la navrante rue arabe et le monde turco-indien - et pas encore entamée en Arabie saoudite) n'est pas la plus violente des crises de transition enregistrées par l'Histoire (notamment des crises française, allemande, russe, chinoise ou cambodgienne).