Il est fort dommage que Charles de Foucauld se soit fait le collaborateur du colonialisme français (à un certain point) pratiquée par cette civilisation occidentale moderne plutôt que de prendre conscience et d'aider au redressement de sa propre civilisation dégénérée puisque complètement déconnectée de tout principe transcendant. Il a pensé détruire l'Islam et la langue arabe, mais sans succès, même Ataturk, le dictateur laïque, après lui a échoué.
Louis Massignon avait regretté bien plus tard son adhésion à ce projet colonial.
« C'est une question qui a été en effet pour moi un cas de conscience à la fois religieux et scientifique, pendant les années 1909 à 1913 où le père de Foucauld, par écrit et de vive voix, me pressait de consacrer après lui, ma vie à ce mouvement tournant qui devait éliminer la langue arabe et l'Islam de notre Afrique du Nord, au bénéfice de la langue française et de la chrétienté, en deux temps :
1. exhumation du tuf linguistique et coutumier primitif des Berbères ;
2. assimilation par une langue et une loi (chrétienne ?) supérieures, française et chrétienne.
Comme tous les croyants et tous les débutants, j'étais très sympathique à cette thèse ; j'avais cru à l'assimilation franco-chrétienne de la Kabylie par le mouvement tournant du berbérisme, (…) puis j'ai vu que leur désislamisation tournerait au laïcisme maçonnique (puis à un nationalisme nord-africain xénophobe…) Martyr ne se rendait pas compte de l'ignominie de ce berbérisme, et je mis des années à m'en apercevoir et à m'en dégager » ~ Louis Massignon.
C'est bien que tu parles de Massignon ...et le compares au Père de Foucauld ...
"Ecrits mémorables", de Louis Massignon : Massignon au feu de la foi
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Pourquoi un seul Dieu, le Dieu d’Abraham, a-t-il voulu trois révélations ? Cette question ne cesse de hanter Louis Massignon. "Je reproche à beaucoup de chrétiens leur attitude de mépris à l’égard de Mohammed", un homme qui ne s’est pas "déifié", qui a "transmis avec sincérité et authenticité" un message de l’au-delà, dit-il en décembre 1947. Comme le souligne François L’Yvonnet, il "accorde à la langue arabe le privilège inouï d’être la dernière "langue liturgique" dans laquelle Dieu s’est adressé aux hommes".
Louis Massignon - et cela lui sera beaucoup reproché - étudie l’islam de l’intérieur. "Pour comprendre l’autre, selon lui, il faut se mettre dans l’axe de sa naissance." Prendre l’islam par le haut, par sa mystique, et comparer les deux religions au même niveau, sans opposer l’idéal chrétien au comportement des musulmans.
Ceux-ci n’admettent pas la crucifixion du Christ ? Massignon vivra la croix à leur place. Il a été très marqué par ses rencontres avec le père Charles de Foucauld, devenu un confident (Jean-François Six, Le Grand Rêve de Charles de Foucauld et Louis Massignon, Albin Michel, 2008). Un moment, il a pensé le rejoindre au Sahara. C’est de lui qu’il tire l’idée de "substitution" spirituelle (badaliya en arabe), qui donne naissance en 1934, en Egypte, à une "sodalité de prière" un peu difficile à saisir : ces chrétiens d’Orient ne cherchent pas à convertir les musulmans, mais à s’offrir en "substitués" à leur place, en "payant leur rançon" auprès du Christ.
Louis Massignon n’est-il pas devenu lui-même un chrétien d’Orient ? En 1950, bien que marié, il est secrètement ordonné prêtre au Caire selon le rite grec catholique. ...
http://www.info-palestine.net/article.p ... ticle=6760
Massignon s'était intimement attaché à l'étude de l'Islam et à cette religion dans un profond souhait de réunir le monothéisme (Islam, Judaïsme et Chrétienté) sous une même bannière : celle d'Abraham.
Il aime autant l'Islam que la langue coranique qui prêche cette religion, contrairement à l'hébreu qui est avant tout "la langue de la crainte, du sang, du sacrifice", dit-il. La langue du Coran est celle "de la justice...., une espèce de dureté judiciaire avec de la transcendance...qui aboutit tout de même à un témoignage exaucé, extrêmement profond inscrit dans les larmes de Hajar "mère d'Ismaël", l'ancêtre des Arabes et frère d'Isaac, Arabes qui, écrit-il, n'ont pas d'autre ressource pour atteindre le verbe divin (et ils y ont accès) que leur langue". "C'est pour cela, poursuit-il, qu'ils l'aimaient très profondément". "Moi-même, aimait-il à le répéter, je l'aime parce qu'elle m'a ramené au Christ". Pense-t-il ici aux versets du chapitre coranique où le Christ est né sous un palmier et non dans une étable ? Nous pourrions lui répondre à notre tour : mais pourquoi cette langue si louée ne l'a-t-elle pas amené à l'Islam tout court ? Il semblerait qu'il l'ait parfois profondément pensé, mais la naissance, l'environnement social dans lequel il baignait, au sein de sa communauté et de sa famille, la tradition ancestrale voulaient probablement qu'il en fût autrement, pour lui un homme d'étude, mais non de polémique. Même sa prodigieuse rencontre avec Hallaj n'a fait que le raffermir par l'exemple dans sa foi toute chrétienne.
http://morido.wanadooadsl.net/MassignonMaroc.htm