Pour résumer la question de la controverse, je la vois de cette manière : au sortir de la guerre l'URSS a marqué des points, de complice factuelle des nazis, elle est devenue irremplaçable dans le camp des vainqueurs ; elle est implantée dans une petite moitié de l'Europe, ce qui était difficilement imaginable 5 ans plus tôt.
le problème pour elle n'est pas tant de gagner plus que de s'y maintenir, et elle a tous les atouts pour ça ; or, son principal adversaire n'est pas une europe exsangue à nouveau, c'est un pape au faîte de sa gloire, qui a été encensé par la totalité du monde occidental pendant la guerre et l'immédiat après-guerre, qui a reçu les marques de sympathie les plus vives de la part des Juifs, Zolli, Golda Meir, etc... de la part de la plupart des politiques, et qui est animé par un anti-communisme tout aussi vigoureux qu'avant la guerre. c'est là son danger. dès décembre 1944 la Pravda titrera "le pape fait l'apologie de crimes nazis", suite à un message de la même année où Pie XII indique suivre les développements de l'Allemagne d'après-guerre avec intérêt en lui promettant son aide, tout en renouvelant l'incompatibilité du communisme avec le christianisme, d'où plus tard le message des russes affirmant que l'excommunication des communistes revenait à jeter l'anathème sur un tiers de l'humanité (NYT 31 juillet 1949) ; Stepinac connaîtra les mêmes problèmes, il n'est qu'un pion de plus dans les mains de la propagande, à tel point, comme je l'ai écrit, que son procès sera annulé par le parlement croate en 1992.
A cette époque, les communistes sont dans les séminaires, les diocèses, voire plus haut, comme le "frère" Tondi, adjoint du substitut de la Secrétairerie d'Etat ; ce genre de message ne peut que nuire à cette infiltration. Il sera reproduit durant les 2 ou 3 années qui suivront, et de son côté le régime soviétique tentera de faire passer l'idée d'un pape complice et exaltant les idées nazies au grand dam des démocraties occidentales, cf tout un paquet d'éditoriaux du NYT remarquablement au fait de ces questions (à cette époque.) Tant que Pie XII sera en vie, les choses resteront en l'état, il faudra une pièce minable et un singulier manque de réalisme de la part de Paul VI pour qu'elles se gâtent, non pas sur le fond, mais sur la forme, entreprendre de réfuter des inepties revenant à envisager qu'elles aient pu être vraies. Rien de plus n'a été avancé, mais nous en étions là il y a 10 ans.
Fort heureusement, tout ce qui est déterré va dans le sens de l'Histoire.