LE PAIN
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Sans le paysan, aurais-tu du pain ?
C'est avec le blé qu'on fait la farine;
L'homme et les enfants, tous mourraient de faim,
Si dans la vallée et sur la colline,
On ne labourait et soir et matin.
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Sans le boulanger, qui ferait la miche ?
Sans le bûcheron, — roi de la forêt, —
Sans poutres, comment est-ce qu'on ferait
La maison du pauvre et celle du riche ?
... Même notre chien n'aurait pas sa niche I
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Où dormirais-tu dis, sans le maçon ?
C'est si bon d'avoir sa chaude maison
Où l'on est à table, ensemble, en famille !
Qui cuirait la soupe, au feu qui pétille,
Sans le charbonnier qui fît le charbon ?
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Sans le tisserand, qui ferait la toile ?
Et sans le tailleur, qui coudrait l'habit ?
Il ne fait pas chaud à la belle étoile !
Irions-nous tous nus, le jour et la nuit,
Et l'hiver surtout, quand le nez bleuit ?
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Aime le soldat, qui doit te défendre !
Aime bien ta mère, avec son cœur tendre !
C'est pour la défendre aussi qu'il se bat.
Quand les ennemis viendront pour la prendre,
Que deviendrais-tu sans le bon soldat ?
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Aimez les métiers, le mien et les vôtres !
On voit bien des sots, pas un sot métier;
Et toute la terre est comme un chantier
Où chaque métier sert à tous les autres,
Et tout travailleur sert le monde entier.
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Jean AICARD