Le soi-disant problème des 35 heures.
Lors de son interview jeudi Nicolas Sarkozy a déclaré que les 35 heures avaient "été une folie payée par les ouvriers et les employés ".
La réponse de l’ancienne ministre…
"Ses critiques contre les 35 heures me font sourire, tant elles disputent l'insincérité à l'irresponsabilité ", déclare celle qui a mis en place en 2000 cette mesure sous le gouvernement de Lionel Jospin.
"Si c'était une telle catastrophe, pourquoi ne pas les avoir supprimées depuis dix ans ?" interroge l'ancienne ministre du Travail. "Pourquoi l'Allemagne, le nouveau modèle de M. Sarkozy, réussit-elle alors que la durée du travail est inférieure et qu'elle a encore été réduite pendant la crise ? " insiste-t-elle.
Lé réponse d’un spécialiste avec des sources inattaquables.
La réduction du temps de travail, les 35 heures, a créé 300 000 emplois, source DARES Ministère du travail. Tous ces emplois ont été bénéfiques à notre protection sociale grâce à ces cotisations supplémentaires. Sarkosy fait semblant de l'ignorer et occulte également la productivité horaire. En effet, on produit beaucoup plus en une heure aujourd'hui qu'il y a 40 ans. Une info du journal télévisé d’A2 le soir du 29 mars 2011 : une enquête a révélé que les investisseurs étrangers s'intéressent à la France, car les salariés français sont parmi les plus productifs au monde, et ce, malgré les 35 heures. En réalité, ce haro sur les 35 heures est plus idéologique qu'économique, car le Medef n'a pas évolué depuis 1936 et le grand patronat ne supporte pas les acquis des salariés. Sur la défiscalisation des heures supplémentaires : 186 millions d'heures ont été comptabilisées au premier semestre 2011, ce qui équivaut à 400 000 emplois par an et un coût de plusieurs milliards par an à l'état et à la sécurité sociale. Plus la durée du temps de travail augmente, plus le chômage progresse. C'est mathématique ...
La véritable histoire.
Sans me lancer dans des appréciations de politique politicienne (libre à chacun de penser ce qu’il veut) et sans apporter de commentaires aux déclarations ci-dessus, j’aimerais apporter quelques précisions sur les 35 heures. Cela m’est d’autant plus facile que j’ai vécu, en tant que responsable syndical, toute l’histoire de ce qui provoque aujourd’hui tant de débats.
A l’origine, les 35 heures étaient une revendication du syndicat CFDT dès 1972, ou 73, il en avait fait sa principale revendication dans toutes les branches (industrie, métallurgie, commerce, etc., etc.) Il est évident que les autres organisations syndicales étaient aussi pour cette revendication (à laquelle elles ne croyaient pas trop il faut bien le dire) elles soutenaient quand même, mais tout en en laissant la paternité à la CFDT.
Parallèlement à cette revendication, les grandes industries, les usines de fabrication automobile, pneumatique, textile, et autres fabrications de masse importante, demandaient depuis toujours une abrogation de la loi sur les quarante heures, et l’abrogation du repos dominical. Leurs argumentations c’était de dire que ces lois les empêchaient de faire tourner leurs outils de productions 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Toutes demandaient la possibilité de faire travailler leurs équipes jour et nuit, tous les jours de la semaine, en quatre fois 6 heures.
Sans que cela ne soit reconnu par les uns et les autres, ils se sont tous retrouvés (syndicats et patronat) à déposer leurs revendications dès 1975.
Quand la gauche est arrivée au pouvoir et que la loi sur les 35 heures a été promulguée, ce n’était en réalité qu’un compromis entre les revendications des uns et des autres.
Dans l’histoire, les syndicats et le patronat ont tous gagné, et tous perdu, car la loi ne satisfaisait pas la totalité de leurs revendications.
Ce qui m’étonne le plus dans ces débats, c’est le silence de l’industrie du tourisme, hôtellerie, restauration, les stations de sports d’hiver, et les plages du littoral. Pour eux la diminution du temps de travail et la multiplication des repos compensateurs, ont été une source de revenus extraordinaires, et un développement auquel ils ne croyaient pas. Il est évident qu'ils ne veulent surtout pas remettre en cause les 35 heures. C’est sûrement pour cette raison que le gouvernement critique à tout va, mais il ne veut surtout pas toucher, lui non plus, à cette manne qui alimente aussi bien les caisses de l’état.
P.-S. Les sources DARES du ministère du Travail évoquées ci-dessus sont en réalité de 1983. Aujourd’hui, ces mêmes sources sont impossibles à trouver, elles ne sont plus publiques, chacun en appréciera le pourquoi ?
En toute vraisemblance, d'après les syndicats de l'hôtellerie et du tourisme, c'est plus d'un million d'emplois qui sont aujourd'hui dépendants de cette diminution du temps de travail en France.